mardi 7 octobre 2014

Le « petit maire » de la Faute n’en reconnait aucune


Il est maladroit René Marratier. Dans sa bouche, les mots se bousculent, les expressions se mélangent. En costume bleu marine, l’ancien maire de la Faute-sur-mer de 1989 à 2014 était entendu hier par le tribunal des Sables d’Olonne (Vendée), où il comparait depuis trois semaines pour homicides involontaires aggravés et mise en danger d’autrui.

« La tempête Xynthia m’a fragilisé jusqu’au plus profond de moi-même, commence le garagiste retraité de 62 ans. Cette douleur ne m’a jamais quittée, j’y pense jour et nuit. » Dans la nuit du 27 au 28 février 2010, la digue de la petite station balnéaire dont il était le maire fut submergée par les flots. 29 hommes, femmes et enfants moururent noyés. « A mon humble niveau, j’ai tout fait pour sécuriser la population », répète en boucle l’ancien édile, qui reconnait du bout des lèvres qu’il aurait peut être pu faire mieux : « La culture du risque n’était pas présente en moi, c’est de ma faute ». 

 « Jamais je n’aurais pu penser qu’une telle catastrophe puisse arriver, se défend René Marratier. Comment voulez-vous que je sache que la lune et le soleil vont s’associer pour créer une montée des eaux d’un mètre cinquante, même les pompiers et la préfecture ne l’avaient pas prévu ! Alors un petit maire comme moi, qui n’a pas l’intelligence en la matière… ».  Mais ce système de défense est rapidement mis à mal par les questions du président du tribunal. « On ne vous reproche pas de ne pas avoir su regarder dans des boules de cristal », le tance Pascal Almy, qui détaille toutes les alertes envoyés au maire depuis 1995 : plus d’une quarantaine au total, pour le prévenir que la Faute-sur-mer « n’était pas une commune comme les autres », puisque soumise à un risque majeur d’inondation et de submersion marine. 

Plusieurs études faisaient état en particulier de la nécessité de rehausser la digue censée protéger les habitations  qui se retrouveront inonder après le passage de la tempête Xynthia. « Qu’est ce que l’Etat aurait pu faire de plus pour vous sensibiliser ? » lui demande le président. « Apporter son aide, répond l’ancien maire. Nous dire ‘Monsieur le maire, on en a marre, votre commune est en danger, on arrête de jouer’ ». Broncha sur le banc des parties civiles. 

L’interrogatoire de René Marratier doit durer jusqu’à demain. Il encourt cinq ans d’emprisonnement et 750 000 euros d’amende.

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