jeudi 25 février 2016

Les trois pirates Anonymous, Jean Moulin et les 541 policiers

Évidemment, sous nos latitudes, les pirates déçoivent un peu. Pas une tête de mort à l’horizon. Les trois jeunes hommes en costume-cravate qui se serraient, mardi après-midi, sur le banc des prévenus de la 13e chambre du tribunal correctionnel de Paris semblaient bien inoffensifs. Accusés de divulgation de données personnelles, ils encouraient tout de même jusqu’à cinq ans d’emprisonnement et 300 000 euros d’amende.

Les faits remontent à janvier 2012. La justice américaine vient de fermer le site de partage de fichiers Megaupload et, en France, trois internautes ont été interpellés pour avoir bloqué le site Internet d’EDF, quelques mois après la catastrophe nucléaire de Fukushima. En représailles, des hackers organisent une série d’attaques. Les sites gouvernementaux immigration.gouv.fr et modernisation.gouv.fr sont « défigurés » : en lieu et place de la page d’accueil apparaît un texte des Anonymous sur « l’échange libre de biens culturels ». Plus grave : le 28 janvier, les coordonnées (nom, prénom, adresses mails et numéros de téléphone) de 541 adhérents du syndicat SGPFO police sont rendues publiques.

vendredi 12 février 2016

Quand Bolloré traîne Bastamag en justice

Raté. Vincent Bolloré voulait sans doute faire taire Bastamag et ses journalistes en les traînant devant la 17e chambre du tribunal correctionnel de Paris pour diffamation. En cause, un article publié par le site d’information le 10 octobre 2012, intitulé «Bolloré, Crédit agricole, Louis Dreyfus : ces groupes français, champions de l’accaparement des terres».

Au contraire, le tribunal et les prévenus ont saisi cette occasion pour entrer dans le fond du sujet : l’accaparement des terres agricoles en Asie et en Afrique par des grands groupes qui privent les populations locales de ressources. Une fois ces terres trustées, «un modèle d’agriculture intensive est importée sur place», explique la journaliste de Bastamag, Nadia Djabali, mais un modèle qui «emploie moins et produit moins» que les systèmes traditionnels. Les conséquences sont nombreuses : d’abord, «les paysans ne profitent pas de cette manne et vont plutôt rejoindre les bidonvilles». La journaliste évoque aussi la pollution, le travail des enfants de moins de 14 ans, la déforestation des forêts primaires, etc. Le tout, «pour mettre de l’essence dans nos voitures».

mercredi 10 février 2016

« Nous allons nous revoir M. Cahuzac »


 Il y a le droit et la façon dont il est interprété par les citoyens. Le président de la 32e chambre du tribunal correctionnel de Paris l’a bien compris. Hier matin, après avoir annoncé son sursis à statuer dans le procès Cahuzac, il a aussitôt demandé aux avocats de saisir leurs agendas. Pas question que le couple Cahuzac ressorte tranquille du palais de justice. « Nous allons nous revoir », promet Peimane Ghaleh-Marzban, fixant la nouvelle date d’audience au 5 septembre à 13h30.« D’ici là, votre contrôle judiciaire reste maintenu. » L’ancien ministre du Budget, impassible depuis le début de son procès, se lève en grimaçant.

mardi 9 février 2016

Face à ses juges, Jérôme Cahuzac joue la montre

La date et l’heure du procès de Jérôme Cahuzac étaient connues, mais son arrivée a pourtant surpris les journalistes qui se soumettaient aux contrôles de sécurité à l’entrée du palais de justice de Paris, hier. L’ancien ministre délégué au Budget de François Hollande a dû se frayer un chemin jusqu’à la salle d’audience, quitte à repousser quelques-uns des quatre-vingts représentants de la presse. D’autres, se bousculant entre eux à reculons, avaient chuté tout seuls sur les marches du palais. C’est dire l’impatience qui prévalait à l’ouverture du procès pour fraude, recel et blanchiment de fraude fiscale, minoration des impôts sur le revenu et de solidarité sur la fortune, pour lesquels les ex-époux Cahuzac encourent jusqu’à sept ans de prison et 1 million d’euros d’amende. François Reyl, la banque du même nom en tant que personne morale et Philippe Houman, consultant suisse en optimisation fiscale, les flanquaient sur le banc des accusés pour avoir, «via des structures écrans mises en place par la banque, assuré l’opacité des opérations».

jeudi 4 février 2016

« Elle vous parlait aussi de vos seins ? »

Elle s’est présentée à l’audience en uniforme : pantalon, chemise blanche, vareuse et parle au tribunal d’une voix forte et claire, à peine éraillée par l’émotion. Sur le banc des prévenus, ce sont deux ombres qui lui font face : en civil, l’adjudant et le maréchal des logis-chef ânonnent leurs réponses, minimisent les faits, s’étonnent encore d’être là.

Pendant un an, ces deux gendarmes de 37 et 38 ans ont fait vivre un cauchemar à leur jeune collègue de 23 ans à l’époque, tout juste mutée dans cette brigade de Joigny (Yonne). Insultes, brimades, propositions sexuelles. Ils ont nié durant l’enquête, mais, mardi après-midi, face à la présidente de la 10e chambre correctionnelle de Paris, ils baissent le regard et reconnaissent (enfin) quelques faits.