mercredi 6 décembre 2017

Antonin Bernanos jeté brutalement en prison

Il était six heures, hier matin, lorsque Geneviève Bernanos a aperçu à travers l’œilleton de sa porte une quinzaine d’hommes sans insigne devant son appartement du 14e arrondissement parisien. « J’ai cru à une agression de l’extrême droite », confie cette urbaniste à la mairie de Nanterre. Descendants de l’écrivain Georges Bernanos et militants antifascistes, ses fils Antonin et Angel Bernanos sont régulièrement la cible de la « fachosphère ». Mais hier matin, il s’agissait de la brigade d’exécution des décisions de justice (BEDJ) de la police judiciaire parisienne, qui n’a procédé à aucune sommation pour enfoncer la porte de l’appartement familial à coups de bélier. L’objectif ? Interpeller Antonin Bernanos, étudiant en sociologie de 23 ans, condamné le 11 octobre dernier à cinq ans de prison, dont trois ferme, pour l’incendie de la voiture de police brûlée quai de Valmy en mai 2016. Antonin Bernanos a toujours nié les faits et lors de son procès en octobre dernier, son avocat Arié Alimi avait longuement remis en cause la faiblesse des preuves retenues contre lui. En vain. Son frère Angel, poursuivi pour attroupement en vue de commettre des violences, avait en revanche été relaxé.



Sa peine ayant été prononcée sans mandat de dépôt, Antonin Bernanos a pu rentrer à son domicile, où il attendait sa convocation devant un juge d’application des peines (JAP). « Il n’a rien reçu, assure sa mère. Ni courrier, ni coup de fil. Maintenant, il va être envoyé en prison, où il devra attendre plusieurs mois avant de voir un JAP… »

Le militant, qui n’a pas fait appel de sa condamnation (notamment pour ne pas nuire à ses coprévenus, qui risquaient de voir leur détention prolongée par un appel général du parquet), pensait pouvoir aménager sa peine. Il restait à Antonin Bernanos vingt-six mois de prison à effectuer, en sachant qu’il est possible d’aménager une peine de vingt-quatre mois, par exemple avec le port d’un bracelet électronique. « Avec des remises de peine, il aurait pu sortir tout de suite. Au lieu d’attendre de voir ce qui était possible, le parquet a demandé l’exécution de la peine immédiatement, avec une rare célérité », accuse son avocat Arié Alimi.

Une méthode « extrêmement brutale » pour la famille Bernanos, qui explique dans un communiqué que « cette décision violente, inopinée, sabote délibérément sa reprise d’étude » et « fournit une fois encore la preuve d’un acharnement judiciaire du ministère public à l’encontre d’un militant antifasciste ».

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