L’avocat général a beau dire qu’il s’agit d’un «autre débat », que « la cour d’assises n’a pas à juger la loi mais un homme », il est trop tard. Le procès de Nicolas Bonnemaison, qui se tient depuis deux semaines devant les assises des Pyrénées-Atlantiques, est bien celui des limites de la loi sur l’accompagnement de la fin de vie en France.
La torpeur de milieu d’après-midi qui s’était installée dans la cour d’assises surchauffée de Pau s’est brutalement brisée lorsque Liliane Bordet a pris la parole. D’une voix posée, cette brune quadra évoque la « souffrance intolérable » dans laquelle sa mère a fini ses jours, malgré la mise en place du protocole fin de vie prévu par la loi Léonetti. Après deux accidents vasculaires cérébraux, sa mère se retrouve paralysée, alitée dans des grandes « souffrances physiques et existentielles». « Pendant plusieurs mois, tous les jours, elle m’a répété qu’elle voulait mourir, elle m’a demandé de la tuer.» Elle essaye d’emmener sa mère en Suisse, où le suicide assisté est autorisé, avant d’y renoncer pour des raisons logistiques
Ne reste plus qu’une solution, proposée par le médecin du service des soins palliatifs : arrêter les traitements, l’alimentation et l’hydratation. « La seule solution légale était ce fameux laisser mourir (prévue dans la loi Léonetti de 2005, NDLR), tous les jours on attendait que la mort la rattrape, elle souffrait de plus en plus. Ses mots étaient toujours les mêmes ‘C’est pas normal, c’est trop long’. Au bout de plusieurs jours, elle a fini par mourir, de soif, de déshydratation. » Devant les jurés qui ne la quittent pas des yeux, Liliane Bordet poursuit d’une voix blanche : « Je n’appelle pas ça mourir dans la dignité. Quand on dit que la loi Léonetti est une réponse à tout, c’est faux ».
Puis vient Monique Harnie-Cousseau, venue rendre « hommage » à son mari. Cette femme aux allures de grande bourgeoise, en tailleur blanc et grandes lunettes de soleil, décrit les derniers moments de son mari, lourdement handicapé après un AVC à l’âge de 66 ans. Là aussi, les médecins préconisent l’arrêt de l’hydratation et l’alimentation. « J’ai vu cet être si cher se cadavériser sous mes yeux. C’est d’une violence extrême », lâche t-elle, avant de conclure : « Qui pourrait vouloir cette mort là, pour lui-même ou pour les siens ? Une autre mort est possible, une mort digne, exempte d’agonie. »
Aujourd’hui, par un incroyable hasard de calendrier le jour où le conseil d’Etat doit rendre sa décision sur Vincent Lambert, le Dr Frédéric Chaussoy, qui avait en 2003 aidé Vincent Humbert à mourir, doit venir témoigner. L’avocat général devrait livrer son réquisitoire dans l’après-midi. Le verdict est attendu demain.
La torpeur de milieu d’après-midi qui s’était installée dans la cour d’assises surchauffée de Pau s’est brutalement brisée lorsque Liliane Bordet a pris la parole. D’une voix posée, cette brune quadra évoque la « souffrance intolérable » dans laquelle sa mère a fini ses jours, malgré la mise en place du protocole fin de vie prévu par la loi Léonetti. Après deux accidents vasculaires cérébraux, sa mère se retrouve paralysée, alitée dans des grandes « souffrances physiques et existentielles». « Pendant plusieurs mois, tous les jours, elle m’a répété qu’elle voulait mourir, elle m’a demandé de la tuer.» Elle essaye d’emmener sa mère en Suisse, où le suicide assisté est autorisé, avant d’y renoncer pour des raisons logistiques
Ne reste plus qu’une solution, proposée par le médecin du service des soins palliatifs : arrêter les traitements, l’alimentation et l’hydratation. « La seule solution légale était ce fameux laisser mourir (prévue dans la loi Léonetti de 2005, NDLR), tous les jours on attendait que la mort la rattrape, elle souffrait de plus en plus. Ses mots étaient toujours les mêmes ‘C’est pas normal, c’est trop long’. Au bout de plusieurs jours, elle a fini par mourir, de soif, de déshydratation. » Devant les jurés qui ne la quittent pas des yeux, Liliane Bordet poursuit d’une voix blanche : « Je n’appelle pas ça mourir dans la dignité. Quand on dit que la loi Léonetti est une réponse à tout, c’est faux ».
Puis vient Monique Harnie-Cousseau, venue rendre « hommage » à son mari. Cette femme aux allures de grande bourgeoise, en tailleur blanc et grandes lunettes de soleil, décrit les derniers moments de son mari, lourdement handicapé après un AVC à l’âge de 66 ans. Là aussi, les médecins préconisent l’arrêt de l’hydratation et l’alimentation. « J’ai vu cet être si cher se cadavériser sous mes yeux. C’est d’une violence extrême », lâche t-elle, avant de conclure : « Qui pourrait vouloir cette mort là, pour lui-même ou pour les siens ? Une autre mort est possible, une mort digne, exempte d’agonie. »
Aujourd’hui, par un incroyable hasard de calendrier le jour où le conseil d’Etat doit rendre sa décision sur Vincent Lambert, le Dr Frédéric Chaussoy, qui avait en 2003 aidé Vincent Humbert à mourir, doit venir témoigner. L’avocat général devrait livrer son réquisitoire dans l’après-midi. Le verdict est attendu demain.
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