Hier après-midi, au palais de justice
de Nanterre, les paparazzis n'avaient rien à se mettre sous le
flash. Sans surprise, les deux altesses royales parties civiles,
héritiers du trône d'Angleterre, n'avaient pas fait le déplacement
dans les Hauts-de-Seine où six personnes étaient poursuivies pour
avoir pris ou utilisé des images d'eux sans leur consentement et
dans un lieu privé. Les directeurs de publications de La Provence et
de Closer n'ayant pas jugé bon, eux non plus, de se déplacer, seuls
trois photographes ont répondu aux questions du tribunal.
La première, photographe au quotidien
régional La Provence, est poursuivie pour avoir pris, le 5 septembre
2012, des photos du couple princier en maillot de bain sur la
terrasse du château d'Autet, propriété du neveu de la reine
Elizabeth II dans le Lubéron, où le couple tout juste
marié séjournait quelques jours. « Je ne me suis pas rendue
compte que ça pouvait leur nuire », dit-elle à la barre. Une
semaine plus tard, le magasine Closer publie quatorze photographies
prises le même jour que celles de La Provence, « qui montrent
la vie du couple princier », détaille pudiquement la
présidente du tribunal. En réalité, sous le titre « oh my
god », « sex and sun en provence », on y voit des
photos de la duchesse de Cambridge seins nus assorties de ce type de
commentaires : « Si à l'époque des luttes féministes,
les militantes brûlaient leurs soutien-gorge, Kate s'abstient de
porter le sien » ou encore « Les Français ont le buste
de Marianne, les Anglais ont maintenant celui de Kate ».
Le couple princier porte plainte, une
information judiciaire est ouverte. Pour palier ce qui a quasiment
pris des allures d'incident diplomatique, les enquêteurs mettent le
paquet : deux professionnels ayant séjourné dans un hôtel de
la région sont retrouvés, leurs téléphones détaillés et leur
comptes bancaires réquisitionnés. Or, leurs revenus ont
« considérablement augmenté » au moment des faits et
leurs téléphones bornent près du château d'Autet.
A la barre pourtant, les deux paparazzis nient fermement avoir pris ces photos. Ils ont, assurent-ils, cherché en vain le lieu de villégiature pendant plusieurs jours, écumant le Lubéron. « On sortait de notre saison à Saint-Tropez où on avait travaillé pendant deux mois, explique le plus jeune, 32 ans dont dix de métier. On s'appelle parfois 50 fois par jour pour savoir où sont les stars ». Lui « fait les hôtels à Paris » où les « stars américaines descendent pour faire le promo de leur film ». Tous deux travaillent pour une agence qui leur verse 32% du prix de la photo, le plus âgé gagne entre 5000 et 8000 euros par mois, le plus jeune entre 4000 et 7000.
Le procureur requiert des peines
d'amendes « très significatives ». Dans un texte lu au
tribunal par son avocat Jean Veil, le prince William explique que ces
faits sont pour lui « particulièrement douloureux parce qu'ils
(lui) rappellent ceux qui ont conduit à la mort de (sa) mère,
Diana ». Le duc et la duchesse de Cambridge réclament 1,5
millions d'euros de dommages et intérêts. Les avocats de la défense
dénoncent une « enquête lacunaire et parcellaire » qui
a mobilisé des enquêteurs pendant des mois pour « une
princesse photographiée seins nus en vacances ». « Ils
utilisent leur vie privée à des fins commerciales et politiques »,
plaide l'avocat de Closer pour qui il n'y avait « rien de
dénigrant dans ces images d'un couple moderne ». La décision
a été mise en délibéré au 4 juillet.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire