Il
n’a pas, dit-il, « l’éloquence » de ses confrères. Me Antoine Vey vient
de citer Georges Bernanos (« Que voulez-vous ? La liberté est partout
en péril et je l’aime. Je me demande parfois si je ne suis pas l’un des
derniers à l’aimer, à l’aimer au point qu’elle ne me paraît pas
seulement indispensable pour moi, car la liberté d’autrui m’est aussi
nécessaire ») et lorsqu’il se lève pour plaider, Arié Alimi, dernier des
neuf avocats de la défense, s’excuse presque de l’exercice qu’il va
imposer au tribunal. Sans effet de manche, ni rhétorique grandiloquente,
l’avocat ausculte les fais, les dissèque avec un seul objectif :
prouver l’innocence de son client, Antonin Bernanos.
Et voici que surgit l’homme qui a été au cœur de ces trois
jours d’audience. Le témoin sous X « numéro T142 » dont l’identité de
policier infiltré a été dévoilée par erreur. C’est lui qui, juste après
l’incendie de la voiture de police brûlée quai de Valmy ce 18 mai 2016,
désigne quatre jeunes garçons comme ayant participé à l’agression.
Poursuivis pour tentative d’assassinat, trois sont aujourd’hui jugés
pour avoir participé à un groupement en vue de commettre des violences et Antonin Bernanos pour violences
volontaires. « Qu’a fait le policier témoin anonyme ? lance Arié Alimi
au tribunal. Il a systématiquement refusé de témoigner. C’est une
infraction pénale. Si vous utilisez ce témoignage, vous corroborez une
infraction pénale. » Pour l’avocat, « les contradictions du témoin
anonyme sont tellement énormes, qu’il doit être considéré comme un faux
témoignage. Le ministère public aurait dû le poursuivre ».
Reste
le « faisceau de preuves » brandi par l’accusation pour désigner
Antonin Bernanos comme l’agresseur. Le « caleçon rose » ? Antonin
Bernanos ne le portait pas pendant la manifestation. Les baskets noires
Nike ? Il y en avait des dizaines chez les manifestants. Les deux bagues
portées aux majeurs ? « Il y a 13 profils d’hommes avec deux bagues
dans cette manifestation » lance l’avocat, photos à l’appui. Une preuve,
en revanche, disculpe Antonin Bernanos, selon Me Alimi : sa veste noir.
Le k-way de l’agresseur n’a jamais été retrouvé chez le jeune homme. «
Dans cette affaire, on a voulu accuser un homme, conclut Arié Alimi.
Pourquoi ? Je ne peux pas répondre, je ne suis pas un politique. Comment
en arrive-t-on à contaminer nos enceintes judiciaires avec de la
politique ? A vouloir accuser un opposant politique ? Ici en France, pas
en Russie. Antonin doit être relaxé. Il est devant vous pour quelque
chose qui n’a rien à voir avec le droit. » Le jugement a été mis en
délibéré au 11 octobre.
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