«Je
me suis permis de faire le travail des enquêteurs… » Durant deux
heures, jeudi après-midi, l’avocat Arié Alimi a méthodiquement
décortiqué toutes les preuves retenues par les enquêteurs contre Antonin
Bernanos, jeune étudiant jugé depuis mercredi avec huit autres
personnes pour l’attaque de la voiture de police brûlée quai de Valmy.
Poursuivi pour violences aggravées, il encourt une peine de dix ans
d’emprisonnement.
Il y a d’abord ce fameux « témoin anonyme » qui
déclenche l’affaire en dénonçant Antonin Bernanos, son frère Angel et un
ami, Bryan M., comme faisant partie des agresseurs. Ce témoin s’avérera
être un policier de la direction des renseignements de la préfecture de
police (DRPP). Or, explique son avocat, Antonin Bernanos fait l’objet,
depuis plusieurs années, d’un acharnement de la préfecture : douze
poursuites sur la base d’un renseignement de la DRPP, ayant quasiment
toutes débouché sur un classement sans suite ou une relaxe (une
condamnation à son casier). « Cela vous fait quoi d’avoir la préfecture
sur le dos ? » lui demande Me Alimi. « Jusqu’ici, ça ne me posait pas de
problème, mais après avoir passé dix mois en détention provisoire, ça
devient problématique », répond Antonin Bernanos.
Il
y a ensuite les éléments retenus contre Antonin Bernanos. « Un cumul de
détails qui fera peut-être une preuve pour le tribunal », tente le
procureur. En premier lieu, la couleur de son caleçon, similaire d’après
l’accusation à celui porté par l’agresseur. « Prune violet ou
rose-mauve, (…) on est dans la même gamme de couleurs », glisse le
représentant du ministère public, qui peine à s’exprimer au milieu des
rires du public. Sortant de grandes planches en carton, sur lesquelles
il a collé des photos de la manifestation, Arié Alimi montre une dizaine
de manifestants ce jour du 18 mai 2016 qui correspondent au « profil de
l’agresseur » : baskets noires avec languettes blanches, jean bleu
clair, blouson noir, sac à dos, objets dans les poches correspondant à
un téléphone portable, bagues… Depuis le premier jour, Antonin Bernanos nie les
faits : « J’ai participé à cette manifestation, mais je n’ai commis
aucune violence », répète-t-il. Au moment de l’attaque de la voiture de
police, il était « à l’avant du cortège, beaucoup plus loin quai de
Valmy ».
Le
procès doit se finir vendredi avec les réquisitions du ministère public
et les plaidoiries des avocats. Le délibéré sera rendu vendredi
29 septembre.
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