La foule des grands jours s'est pressée
hier à la 24e chambre du tribunal correctionnel de Paris. De
nombreux militants venus soutenir les opposants à la loi travail
poursuivis pour rébellion. Un public pas toujours discipliné que
tente de faire taire la procureure. « C'est moi qui assure la
police de l'audience, la reprend la présidente du tribunal. Et
jusqu'ici, je n'ai rien entendu de dérangeant ». « Des
rires », lui répond, outrée, la représentante du parquet. Le
terme utilisé par la présidente dans son rapport pour parler des
« nasses » a de quoi amuser les militants : « La
police parle de 'zones de recueillement'... Il faut bien lui donner
un nom, même si ça fait un peu église... »
La présidente : « Est ce que vous considérer que vous êtes en train de manifester ?- Oui, on est présent pour exprimer notre désaccord politique.- Est-ce qu'un CRS vous a demandé de bien vouloir (ou je ne sais pas comment ils s'expriment) rejoindre la zone de manifestation autorisée ?- Non.
- La situation est confuse ?- Pour les CRS, oui (rires dans la salle et soupirs excédés de la procureure) ».
Vidéo à l'appui, Michel
explique avoir tenté de calmer une altercation avant de voir les CRS
se ruer sur lui. « Ils nous ont blessés et matraqués. c'était
violent. J'ai eu peur pour moi et pour les autres. » Dans les
procès verbaux, les forces de l'ordre (absentes à l'audience)
notent : « Lors de son interpellation, Michel H. reste
rigide pendant de longues secondes, obligeant les effectifs de police
à le saisir ». « J'ai du mal à comprendre la rigidité
décrite », soupire la présidente tandis que la salle pouffe.
La procureure, elle, ne rit pas du
tout : « Les forces de l'ordre sont épuisées par la
menace terroriste et confrontées à des manifestations constantes à
caractère insurrectionnel. Les policiers sont traités d'enculés
à chaque instant et, sous les outrages, doivent agir avec
vitesse, autorité et fermeté. Le trouble à l’ordre public est
avéré. Il n'y a pas de légitime défense face aux forces de
l'ordre, on obtempère. » Elle requiert quatre mois de prison
avec sursis. « Je suis effarée par ce que j'entends, plaide Me
Irène Terrel, l'avocate de Michel H. Quatre mois alors qu'il n'a
rien fait ! Mon client ne se débat absolument pas, il est mis à
terre. Où est la rébellion ? Ils se sont fait interpellés
violemment alors qu'ils n'avaient rien fait. »
Quatre mois avec sursis, c'est aussi ce
que requiert la procureure contre le deuxième manifestant jugé ce
matin. Maxime Goguet, 30 ans, professeur de physique-chimie à
Maison-Alfort et Créteil, a refusé de prendre un avocat pour ne pas
« participer à cette mascarade », avait-il confié à l'Humanité. Las, c'était
visiblement une erreur : il multiplie les maladresses jusqu'à
braquer la présidente : « Vous avez l'habitude de donner
des cours mais là, vous allez en prendre un ». Accusé d'avoir
donné un coup de pied dans le bouclier d'un CRS, Maxime reconnaît
les faits. « C'était de l'auto-défense ». Pour preuve
des « sept coups de tonfa » qu'il a pris sur le corps
alors qu'il tentait d'« extirper des manifestants qui se
faisaient frapper », il présente une vidéo. La présidente le
coupe : « Il fallait le dire avant, nous n'avons plus le
temps ».
Il est 12h45, le tribunal doit libérer
la salle pour les comparutions immédiates. Michel H. et Maxime
Goguet qui risque chacun un an de prison et 15 000 euros d'amende
auront été jugés en une heure pour le premier, 45 minutes pour le
deuxième. Leurs jugements ont été mis en délibéré au 6 octobre.
Les procès de Valentin et Gildo, poursuivis eux aussi pour rébellion
lors de la manifestation du 5 juillet ont été renvoyés au 5 et
19 janvier 2017. Par ailleurs, le militant de Nuit Debout, BastienJacquesson comparait cet
après-midi devant le tribunal correctionnel de Paris.
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