vendredi 9 septembre 2016

Quand Cahuzac sauvait son couple en fraudant le fisc

Pour la première fois depuis le début de son procès lundi, Jérôme Cahuzac, poursuivi pour fraude fiscale, blanchiment de fraude fiscale et fausse déclaration de patrimoine a exprimé une émotion jeudi matin. A la barre, il décrit l'homme qu'il était en décembre 2007, tout juste élu député "au terme d'une campagne extrêmement dure et éprouvante". "Nous rentrons dans ce que furent les années 2000 : le naufrage de notre couple, poursuit-il. En 2007, je lui dis (à sa femme à ses côtés sur le banc des prévenus) : 'Maintenant que j'ai reconquis mon siège, je vais te reconquérir toi'". La voix tremble un peu. "Les vacances au Seychelles faisaient partie de cette stratégie, mais je n'avais plus les moyens de les payer. Comme député, j'avais arrêté toutes mes activités de consultant. Je n'hésite pas".

C'est donc par ses difficultés conjugales que Jérôme Cahuzac justifie les 6000 euros retirés sur son compte suisse en 2007, payés en chèque à l'ordre du "Refuge des pêcheurs" pour ses vacances aux Seychelles. En 2005, 18 000 euros prélevés sur le même compte avaient servis à financer les vacances familiales à l'Ile Maurice. "J'utilise de l'argent qui est à moi" répète l'ancien ministre du Budget à la barre. Ce compte ouvert en 1992, qui aurait servi, selon ses déclarations au premier jour d'audience, à cacher le "financement sauvage" des activités politiques de Michel Rocard, avait été alimenté en 2000 et 2001 par des versements en espèces issus de son activité de chirurgien.

En 2009, la banque Reyl transfère le compte de Jérôme Cahuzac à Singapour, grâce à un montage sophistiqué et une société écran basée à Panama. Est-ce Jérôme Cahuzac lui-même qui a demandé ce transfert ? "Le maintien de la plus grande confidentialité est mon seul objectif" explique t-il aujourd'hui, tandis que le banquier suisse François Reyl jure "qu'il n'y a aucune dimension fiscale" dans ce transfert. Pourtant, quelques jours avant ce transfert, la Suisse annoncé sa mise en conformité avec les normes de l'OCDE sur l'évasion fiscale, "annonce qui avait eu l'effet d'un tremblement de terre", précise le président du tribunal...

Pour signer les papiers, Jérôme Cahuzac se rend à Genève : "je ne m'attarde pas dans la rue, je marche les yeux baissés, je prie pour qu'on ne me reconnaisse pas". "Ça ne vous effraie pas ?" insiste le président du tribunal ? "J'aime ma vie, j'ai une activité politique dans laquelle je m'épanouis pleinement. J'accepte cette fuite en avant parce que je veux préserver cette vie là".
Les débats reprendront lundi.

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