On a
trop ri de lui. Nous tous qui avions trouvé dans Jawad Bendaoud un
exutoire après l'horreur des attentats du 13 novembre. Bien
malgré lui, ce trentenaire un peu simple était devenu le bouffon de
la République meurtrie. Le 18 novembre au matin, en marge de
l'assaut de Saint-Denis, Jawad Bendaoud était interpellé devant les
caméras de télévision pour avoir logé Abdelhamid Abaaoud et ses
complices. « On m'a demandé de rendre service, j'ai rendu
service », osait-il devant les journalistes, devenant illico
« Jawad le logeur », repris en boucle sur les réseaux
sociaux. Mais cet après-midi, devant la 13e chambre du tribunal
correctionnel de Bobigny où il était jugé pour trafic de
stupéfiant, Jawad Bendaoud ne faisait plus rire personne.
Visiblement ému, Me Nogueras dit son
« incompréhension » : « Nous l'avons vu il y
a une heure, il était prêt. Je ne sais pas ce qui s'est passé en
bas, mais il attendait cette audience, il voulait s'expliquer. ».
Jawad Bendaoud et son co-prévenu, Mohamed S, comparaissent pour
trafic de stupéfiants. Plus particulièrement, il leur est reproché
d'avoir avoué, durant leur garde à vue en novembre 2015, un trafic
de cocaïne à Saint-Denis. Le premier aurait transformé pour le
second, 25 grammes de cocaïne en crack, pour les vendre rue du
Corbillon. Mais l'accusation du parquet repose sur les seules
déclarations des prévenus dans une garde à vue pour le moins
exceptionnelle : 144 heures durant lesquelles on les accuse d'avoir
participé aux « faits les plus graves commis en France depuis
la seconde guerre mondiale », souligne l'avocate de Jawad
Bendaoud, Me Marie Pompéi Cullin.
Pour le procureur de la République, Jean-Cédric Gaux, le tribunal peut « les condamner sur la base de ce qu'ils disent avoir commis » puisque « l'aveu est laissé à la libre appréciation des juges » et que leurs déclarations sont « concordantes ». Il requiert trois ans de prison contre Mohamed S., « marchand de mort », un an contre Jawad Bendaoud. « Il n'est même pas concordant avec lui-même, comment pourrait-il l'être avec quelqu'un d'autre ? » s'offusque Me Pompéi Cullin, pour qui cette procédure est « déloyale et inadmissible ». « On n'a rien, pas une déclaration solide, c'est une accusation qui n'a aucun sens, plaide-t-elle. Ils ont préféré se faire passer pour des stupeux que pour des terro. Ils ont tout intérêt à mentir et nous le savons tous. »
Pour le procureur de la République, Jean-Cédric Gaux, le tribunal peut « les condamner sur la base de ce qu'ils disent avoir commis » puisque « l'aveu est laissé à la libre appréciation des juges » et que leurs déclarations sont « concordantes ». Il requiert trois ans de prison contre Mohamed S., « marchand de mort », un an contre Jawad Bendaoud. « Il n'est même pas concordant avec lui-même, comment pourrait-il l'être avec quelqu'un d'autre ? » s'offusque Me Pompéi Cullin, pour qui cette procédure est « déloyale et inadmissible ». « On n'a rien, pas une déclaration solide, c'est une accusation qui n'a aucun sens, plaide-t-elle. Ils ont préféré se faire passer pour des stupeux que pour des terro. Ils ont tout intérêt à mentir et nous le savons tous. »
« Durant les 144 heures de garde
à vue, Jawad Bendaoud n'arrête pas de dire 'Je ne suis pas un
terroriste' et on ne le croit pas. Mais quand il dit qu'il a dealé
de la coke, là on le croit et on le poursuit, renchérit Xavier
Nogueras. Tout le monde rit de lui, il n'y a pas une semaine sans que
son nom n'apparaisse dans les médias. On a piétiné sa dignité... »
L'avocat dénonce l'isolement dans lequel est maintenu son client
depuis novembre 2015. « Vous savez ce que c'est ? Il ne voit
personne, ne peut pas travailler. Certains en riront : il met le
feu à sa cellule, se tranche les veines, écrit des courriers sans
queue ni tête... » Le juge d'instruction avait pourtant levé
cet isolement « au vu de l'évolution extrêmement positive du
dossier », mais « l'administration pénitentiaire le
maintient à l'isolement », regrette l'avocat.
En fin d'après-midi, Mohamed S. et Jawad Bendaoud ont été condamnés à trois ans et huit mois de prison avec mandat de dépôt. Au moment où ce jugement était prononcé, Jawad Bendaoud était déjà en garde à vue au commissariat de Bobigny pour menaces et outrage sur personnes dépositaires de l'autorité publique et apologie de terrorisme.
Marie Barbier
En fin d'après-midi, Mohamed S. et Jawad Bendaoud ont été condamnés à trois ans et huit mois de prison avec mandat de dépôt. Au moment où ce jugement était prononcé, Jawad Bendaoud était déjà en garde à vue au commissariat de Bobigny pour menaces et outrage sur personnes dépositaires de l'autorité publique et apologie de terrorisme.
Marie Barbier
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