Son corps massif s’affaisse parfois
sur le banc des accusés, secoué par les sanglots. Damien
Saboundjian, policier de 36 ans, comparaît jusqu’à vendredi devant la Cour d’assises de Bobigny (Seine Saint Denis) pour“violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention dela donner”. Il risque jusqu’à vingt ans de prison.
Avant d’étudier précisément les faits, la Cour s’est penchée aujourd'hui sur la personnalité de l’accusé. D’origine arménienne, Damien Saboundjian a grandi à Grenoble où il suit des études de pâtisserie. Il arrête après avoir échoué à l’examen “chocolaterie”. “Comment êtes-vous passé de la pâtisserie à la police ?”, lui demande le président de la Cour, Jean-Marc Heller. “J’avais fait pâtissier parce que je suis gourmand, mais depuis 15, 16 ans, j’aimais beaucoup l’uniforme. Je voulais être utile à la société, aider les citoyens.”
Il est décrit comme un “fonctionnaire moyen”. Ses évaluations
sont contrastées : “courageux mais manque de rigueur” en 2009,
“manque cruellement d’esprit d’initiative” un an après ou
encore “doit faire des efforts sur la ponctualité et sa
présentation” en 2011.
Très grand, les cheveux ras et habillé d’un pantalon sombre et
’une chemise noire, sa voix tremble lorsqu’il évoque sa carrière
de policier : “Tout s’est toujours bien passé, je faisais bien
mon travail, j’avais zéro absence”. Jusqu’à cette nuit du 21
avril 2012 où il abat Amine Bentounsi, braqueur en cavale, d’une
balle dans le dos. Suspendu pendant deux ans, Damien Saboundjian a pu
reprendre le travail mais sans autorisation de port d’arme. Affecté
à Grenoble comme il le demandait, il répond désormais aux appels
du 17 au centre d’information et de communication.
Les deux expertises psychologiques réalisées dans le cadre de
l’instruction ont conclu à l’absence de troubles ayant pu
affecter sa responsabilité pénale, mais évoque son “émotivité”,
sa “réactivité impulsive” et sa “rigidité psychique”. “Il
a éloboré, explique le juge dans son ordonnance de renvoi, une
construction imaginaire de la situation qu’il a vécu et se répète
qu’il a défendu sa vie”.
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