lundi 11 janvier 2016

« J’aimais beaucoup l’uniforme »


Son corps massif s’affaisse parfois sur le banc des accusés, secoué par les sanglots. Damien Saboundjian, policier de 36 ans, comparaît jusqu’à vendredi devant la Cour d’assises de Bobigny (Seine Saint Denis) pour“violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention dela donner”. Il risque jusqu’à vingt ans de prison.

Avant d’étudier précisément les faits, la Cour s’est penchée aujourd'hui sur la personnalité de l’accusé. D’origine arménienne, Damien Saboundjian a grandi à Grenoble où il suit des études de pâtisserie. Il arrête après avoir échoué à l’examen “chocolaterie”. “Comment êtes-vous passé de la pâtisserie à la police ?”, lui demande le président de la Cour, Jean-Marc Heller. “J’avais fait pâtissier parce que je suis gourmand, mais depuis 15, 16 ans, j’aimais beaucoup l’uniforme. Je voulais être utile à la société, aider les citoyens.”
 
Il a vingt ans quand il entre comme emploi jeune dans la police nationale, en tant qu’adjoint de sécurité. Cinq ans plus tard, il obtient le concours interne de gardien de la paix, après des “cours de remise à niveau en français”. Il travaillera deux ans au palais de justice de Bobigny - où, ironie du sort, il est aujourd’hui jugé - au transport des détenus avant d’être affecté, en 2009, au commissariat de Noisy-le-sec.

Il est décrit comme un “fonctionnaire moyen”. Ses évaluations sont contrastées : “courageux mais manque de rigueur” en 2009, “manque cruellement d’esprit d’initiative” un an après ou encore “doit faire des efforts sur la ponctualité et sa présentation” en 2011.

Très grand, les cheveux ras et habillé d’un pantalon sombre et ’une chemise noire, sa voix tremble lorsqu’il évoque sa carrière de policier : “Tout s’est toujours bien passé, je faisais bien mon travail, j’avais zéro absence”. Jusqu’à cette nuit du 21 avril 2012 où il abat Amine Bentounsi, braqueur en cavale, d’une balle dans le dos. Suspendu pendant deux ans, Damien Saboundjian a pu reprendre le travail mais sans autorisation de port d’arme. Affecté à Grenoble comme il le demandait, il répond désormais aux appels du 17 au centre d’information et de communication.

Les deux expertises psychologiques réalisées dans le cadre de l’instruction ont conclu à l’absence de troubles ayant pu affecter sa responsabilité pénale, mais évoque son “émotivité”, sa “réactivité impulsive” et sa “rigidité psychique”. “Il a éloboré, explique le juge dans son ordonnance de renvoi, une construction imaginaire de la situation qu’il a vécu et se répète qu’il a défendu sa vie”.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire