Psychiatre et auteure du Livre noir des violences
sexuelles (Dunod, 2013), Muriel Salmona décrypte les mécanismes de
perpétuation des violences conjugales : des victimes enfermées et une
société qui ne veut pas voir.
Muriel Salmona. Quand on connaît l’impact psycho-traumatique et neurologique des violences extrêmes, ce n’est absolument pas étonnant. L’agresseur prend complètement possession de la personne, par l’intermédiaire des violences et des menaces. Ces violences génèrent un état de survie neuro-psychologique qui vous coupe de toute possibilité d’agir. On aboutit à ce qui a été décrit pour les survivants des camps d’extermination, ceux qu’on appelait « les musulmans » : des personnes coupées du monde, en automatisme total, un peu comme déjà mortes. On arrive assez rapidement à une anesthésie totale : le cortex est totalement dissocié et il n’y a plus de sensations par rapport à la douleur, au froid. Plus rien n’existe. C’est un mode de survie extrême.