jeudi 31 janvier 2019

« Vous êtes déclarés coupables, messieurs, de viol en réunion »

Certains y voient le début d'une nouvelle ère, celle de la fin de l'impunité des crimes sexuels. D'autres, au contraire, dénoncent déjà une « erreur judiciaire ». Reconnus coupables du viol en réunion d'une touriste canadienne en avril 2014, deux policiers de la BRI ont été condamnés ce soir à sept ans d'emprisonnement par la cour d'assises de Paris. Menottés à l'issue de l'audience, Nicolas R. et Antoine Q. dormiront ce soir en prison. A l'énoncé du verdict, le premier est resté assis sans bouger, comme sonné, tandis que le deuxième sanglotait. A quelques mètres d'eux, sur le banc de la partie civile, Emily S. reconnue victime pour la première fois, pleurait silencieusement.

vendredi 25 janvier 2019

Les « flous » de Sébastien C.

Il vient, dit-il, de passer cinq années terribles. « Cette affaire est une merde, monsieur le président. J'ai perdu mon travail, je suis marqué au fer rouge. Maintenant, je suis traumatisé, quand je monte dans un ascenseur seul avec une femme, j'ai peur. » Policier à la brigade de recherche et d'intervention (BRI), Sébastien C. a longuement été entendu par la cour d'assises de Paris qui juge jusqu'au 1er février deux policiers de cette brigade, accusés du viol en réunion d'une touriste canadienne en avril 2014 au 36, quai des Orfèvres Un temps suspecté d'être le troisième homme de ce viol, Sébastien C. a été placé en garde à vue puis sous le statut de témoin assisté, sans être mis en examen. Suspendu un an et demi de ses fonctions, il a aujourd'hui retrouvé son poste au siège de la police judiciaire.

mercredi 23 janvier 2019

Les plantons du 36 et la «salope»

Le soir du 22 avril 2014, ils étaient trois policiers de garde au 36, quai des Orfèvres, le siège de la police judiciaire parisienne. Deux à l’entrée, un troisième au premier étage. Trois plantons qui ont vu entrer Emily S. accompagnée de deux agents de la ­Brigade de recherche et ­d’intervention (BRI), vers 0 h 40. La touriste canadienne leur paraît « joyeuse », bien que « très éméchée » et le «regard vitreux». Elle titube, rentre dans le portant de la porte, mais, note le premier, « est montée de son plein gré ».

mardi 22 janvier 2019

« J’avais l’impression qu’elle ne disait pas la vérité »

C’est dans une cour d’assises glaciale que le procès des deux policiers accusés du viol d’une touriste canadienne a entamé, hier, sa deuxième semaine de débats. Après s’être penchée sur les personnalités des deux accusés, vendredi, décrits par leurs collègues et familles comme de « très bons flics » et des « compagnons galants », la cour a entendu hier un témoin clef, Leslie C., serveuse au pub où la soirée avait commencé ce 22 avril 2014. Cette Américaine de 36 ans qui témoigne dans un bon français est visiblement mal à l’aise à la barre. Elle se souvient mal des faits qui remontent à cinq ans et contredit souvent ses dépositions de l’époque.

jeudi 17 janvier 2019

« Soudain, quelqu'un était à l'intérieur de moi »

Le cour d'assises de Paris a interrogé hier la touriste canadienne qui affirme avoir été violée par des policiers au 36 quai des Orfèvres.

Voici le moment tant redouté et pourtant obligatoire d'un procès pour viol. Celui où la victime présumée doit, seule, faire face à la justice. Quatre ans et demi après les faits qu'elle dénonce, Emily S., Canadienne de 39 ans, est restée hier de longues heures à la barre de la cour d'assises de Paris.
Grande femme mince aux cheveux courts toute de noir vêtue, elle se tient debout face à la cour (trois magistrats professionnels et neuf jurés). Sur ses côtés, l'avocat général et les avocats de la défense viendront, chacun leur tour, ajouter leur flot de questions. Ses souvenirs sont mis à nu, ses moindres hésitations et contradictions décortiquées, son intimité livrée en pâture à la trentaine de journalistes accrédités. A quelques mètres derrière elle, les deux accusés, tête baissée, encourent chacun vingt ans de réclusion criminelle pour viol en réunion.