On a beaucoup pleuré au procès de l’incendie de l’hôtel Paris-Opéra. Pas des longs sanglots monotones, mais des pleurs de colères, des cris de détresse, des larmes de rage. Huit ans et sept mois sont passés depuis la nuit du 15 avril 2005, mais les familles n’ont rien oublié. Contrairement aux prévenus, dont les approximations, les «je ne sais plus, ca fait longtemps» ont raisonné comme autant de claques de mépris pour les parties civiles.
Les deux premiers jours auront été ceux de l’incrédulité. Fatima Tahrour, qui reconnait avoir accidentellement mis le feu dans la salle des petits déjeuners, n’en dira pas plus. Les familles attendaient « la vérité », elles n’auront, face à elles, qu’un mur de silence. Quant à Nabil Dekali, veilleur de nuit alcolo et toxicomane, sa suffisance sidère. Evoquant un «feu de l’amour», ce colosse au visage barré de cicatrices dit regretter de ne pas avoir rejoint sa compagne cette nuit-là. «Rien ne serait arrivé». Ses remords s’arrêtent là.