Il ne veut pas recevoir chez lui. Depuis mai 2005, Paul Kenmeugne,
cinquante-cinq ans, habite un logement social à la porte de Saint-Cloud. Mais
« sans le drame, on n'aurait pas eu ce logement, dit-il. Ça me laisse toujours
un goût amer ». Il aura donc fallu la perte de sa femme pour que Paul et ses
jumeaux - qui fêtent aujourd'hui leur onzième anniversaire - obtiennent un
logement et des papiers.
Le jour de l'incendie, Paul était en France depuis quarante-huit heures seulement. Sa femme, Charlotte, son fils, Eli Kelian, et sa fille, Ana Cassandra, étaient arrivés avant lui. Au téléphone, Charlotte lui avait dit : « L'hôtel n'est pas si bien que ça » Comme la majorité des migrants, les Kenmeugne n'étaient pas « toute la misère du monde ». Au Cameroun, lui travaillait dans le commerce, elle comme secrétaire médicale. Mais le couple ne parvient pas à avoir d'enfants. Une situation mal vue. Quand sa femme tombe enfin enceinte à trente-huit ans, de jumeaux, ils décident de leur donner toutes les chances possibles en venant s'installer en France. Elle part d'abord, lui la rejoindra.
À l'hôtel Paris-Opéra, leur chambre, au quatrième étage, donne sur la rue. Il est un peu plus de 2 heures du matin, le 15 avril 2005, lorsque l'incendie les surprend dans leur sommeil. « J'ai entendu des bruits et réveillé ma femme. Lorsque j'ai ouvert la porte de la chambre, j'ai vu les flammes. » Paul attrape l'un des jumeaux (ils ont alors deux ans et demi) sous le bras et court vers l'escalier. Face aux flammes et à la fumée, il renonce.
De retour dans la chambre, il ouvre la fenêtre. Brusquement, une âcre fumée emplit la chambre. L'air devient irrespirable. Collé à la rambarde brûlante, le couple tente de respirer un peu d'air. Au sol, les enfants sont protégés de la fumée. Soudain, un jet d'eau leur ferme les yeux. Quand Paul les rouvre, il ne voit plus sa femme. Puis entend une voix : « Donne-moi les enfants ! » Les pompiers sont à la fenêtre. Les jumeaux sont d'abord sauvés, puis Paul qui descend seul l'échelle. Une fois en bas, il cherche désespérément Charlotte. En vain. Il est transféré à l'hôpital du Kremlin-Bicêtre, ses poumons sont « nettoyés ». « Ça sortait noir, noir, noir », se souvient-il. Ce n'est qu'après une semaine d'inquiétude et de recherche que Paul apprend le décès de sa femme, tombée du quatrième étage. « Aujourd'hui, je ne comprends toujours pas, dit-il très ému. Elle ne m'a rien dit. Avec elle, j'ai tout perdu. »
Aujourd'hui Paul, régularisé avec une carte de séjour de dix ans, est guichetier à La Poste, près des Champs-Élysées. Il espère que ce procès répondra aux questions qui le hantent depuis huit ans et demi : « On connaît l'origine du feu, mais pourquoi l'incendie s'est propagé si rapidement ? Pourquoi il y a eu tant de victimes ? Un bon procès peut servir aux familles pour faire leur deuil et que plus jamais des gens ne vivent ce qu'on a vécu. Il y a eu tant de morts, il faut que ça serve à quelque chose. »
Le jour de l'incendie, Paul était en France depuis quarante-huit heures seulement. Sa femme, Charlotte, son fils, Eli Kelian, et sa fille, Ana Cassandra, étaient arrivés avant lui. Au téléphone, Charlotte lui avait dit : « L'hôtel n'est pas si bien que ça » Comme la majorité des migrants, les Kenmeugne n'étaient pas « toute la misère du monde ». Au Cameroun, lui travaillait dans le commerce, elle comme secrétaire médicale. Mais le couple ne parvient pas à avoir d'enfants. Une situation mal vue. Quand sa femme tombe enfin enceinte à trente-huit ans, de jumeaux, ils décident de leur donner toutes les chances possibles en venant s'installer en France. Elle part d'abord, lui la rejoindra.
À l'hôtel Paris-Opéra, leur chambre, au quatrième étage, donne sur la rue. Il est un peu plus de 2 heures du matin, le 15 avril 2005, lorsque l'incendie les surprend dans leur sommeil. « J'ai entendu des bruits et réveillé ma femme. Lorsque j'ai ouvert la porte de la chambre, j'ai vu les flammes. » Paul attrape l'un des jumeaux (ils ont alors deux ans et demi) sous le bras et court vers l'escalier. Face aux flammes et à la fumée, il renonce.
De retour dans la chambre, il ouvre la fenêtre. Brusquement, une âcre fumée emplit la chambre. L'air devient irrespirable. Collé à la rambarde brûlante, le couple tente de respirer un peu d'air. Au sol, les enfants sont protégés de la fumée. Soudain, un jet d'eau leur ferme les yeux. Quand Paul les rouvre, il ne voit plus sa femme. Puis entend une voix : « Donne-moi les enfants ! » Les pompiers sont à la fenêtre. Les jumeaux sont d'abord sauvés, puis Paul qui descend seul l'échelle. Une fois en bas, il cherche désespérément Charlotte. En vain. Il est transféré à l'hôpital du Kremlin-Bicêtre, ses poumons sont « nettoyés ». « Ça sortait noir, noir, noir », se souvient-il. Ce n'est qu'après une semaine d'inquiétude et de recherche que Paul apprend le décès de sa femme, tombée du quatrième étage. « Aujourd'hui, je ne comprends toujours pas, dit-il très ému. Elle ne m'a rien dit. Avec elle, j'ai tout perdu. »
Aujourd'hui Paul, régularisé avec une carte de séjour de dix ans, est guichetier à La Poste, près des Champs-Élysées. Il espère que ce procès répondra aux questions qui le hantent depuis huit ans et demi : « On connaît l'origine du feu, mais pourquoi l'incendie s'est propagé si rapidement ? Pourquoi il y a eu tant de victimes ? Un bon procès peut servir aux familles pour faire leur deuil et que plus jamais des gens ne vivent ce qu'on a vécu. Il y a eu tant de morts, il faut que ça serve à quelque chose. »
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