vendredi 19 avril 2019

Jugement Baupin : « Désormais, la justice nous protège »

Il est un peu plus de 14 heures, ce vendredi, lorsque le président de la 17e chambre du tribunal correctionnel de Paris, Thomas Rondeau, lève l'audience du procès Baupin. Pendant 25 minutes, il a lu aux dix prévenues (1) debout devant lui les motivations de son jugement. Le magistrat ne s'embarrasse pas de didactisme et si beaucoup se questionnent du regard dans la salle archi-comble du nouveau palais de justice, les prévenues, elles, ont compris. A peine le magistrat s'est-il levé de son siège, qu'elles s'effondrent, entre larmes et rires, dans les bras les unes des autres. Thomas Rondeau vient de rendre une décision qui fera certainement date dans l'histoire des droits des femmes. Non seulement toutes les prévenues poursuivies par Denis Baupin ont été relaxées des faits de diffamation, mais l'ancien élu écologiste lui-même est condamné pour "procédure abusive". Un jugement rarissime pour ce premier procès de l'ère #MeToo, qui fait jurisprudence et envoie un message fort aux femmes victimes de violences sexuelles.

Y aura-t-il une jurisprudence Baupin ?

Le délibéré dans l’affaire Baupin sera-t-il à la hauteur du procès retentissant qui s’est tenu en février devant le tribunal de Paris ? La 17e chambre rend ce vendredi, en début d’après-midi, son jugement à l’encontre des douze prévenus – six femmes, deux hommes témoins, deux journalistes, deux médias – poursuivis pour diffamation par l’ancien élu écologiste. Du 5 au 8 février, ce premier procès de l’ère #MeToo avait, dans un incroyable retournement, consacré la parole des femmes victimes de violences sexuelles.

« Moi, je n’ai pas lynché »

Ce sont quatre « très jeunes hommes », tout juste majeurs, qui se tiennent à la barre. L’air de ne pas trop savoir ce qu’ils font là. Le 25 mars dernier, ils étaient « par hasard », jurent-ils, devant le Auchan de Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), où un Rom a été lynché par une « soixantaine de personnes cagouleés et armées de pelles et de bâtons ». « Je rentrais du travail, j’ai vu un groupe de personnes, par curiosité, j’ai décidé d’aller voir », explique d’une petite voix Yahya S. Cheveux mi-longs gominés, il est le plus grand des quatre, qui se tiennent par ordre de taille devant la juge de la 18e chambre du tribunal correctionnel de Bobigny ce mercredi après-midi. C’est aussi celui qui risque le plus : poursuivi pour avoir « commis des violences en raison de la prétendue race », il encourt trois ans d’emprisonnement et 45 000 euros d’amende. « Vous le voyez devant vous, est-ce qu’il a l’air de quelqu’un qui attaque un Roumain ?» tente son avocate Dyhia Chegra. Mais les policiers sont formels : ils l’ont vu, une pierre dans la main, «rouer de coups de pied un homme au sol».