Raté. Vincent Bolloré voulait sans doute faire taire Bastamag et ses
journalistes en les traînant devant la 17e chambre du tribunal
correctionnel de Paris pour diffamation. En cause, un article publié par
le site d’information le 10 octobre 2012, intitulé «Bolloré, Crédit
agricole, Louis Dreyfus : ces groupes français, champions de
l’accaparement des terres».
Au contraire, le tribunal et les prévenus ont saisi cette occasion pour entrer dans le fond du sujet : l’accaparement des terres agricoles en Asie et en Afrique par des grands groupes qui privent les populations locales de ressources. Une fois ces terres trustées, «un modèle d’agriculture intensive est importée sur place», explique la journaliste de Bastamag, Nadia Djabali, mais un modèle qui «emploie moins et produit moins» que les systèmes traditionnels. Les conséquences sont nombreuses : d’abord, «les paysans ne profitent pas de cette manne et vont plutôt rejoindre les bidonvilles». La journaliste évoque aussi la pollution, le travail des enfants de moins de 14 ans, la déforestation des forêts primaires, etc. Le tout, «pour mettre de l’essence dans nos voitures».
Jeudi, par manque de place, les prévenus se sont entassés dans le box normalement réservé aux détenus. Six journalistes et trois blogueurs sont poursuivis par le groupe Bolloré SA pour avoir écrit ou partagé cet article dont huit passages sont mis en cause. Des passages qui accusent la stratégie de la multinationale, particulièrement en Afrique, mais aussi en Asie. En 1996, Vincent Bolloré acquiert ainsi 38% de la Socfin, entreprise de caoutchouc créée sous l’empire colonial belge et devenue une holding luxembourgeoise. L’homme d’affaires français met ainsi «un pied, voire plus» dans le commerce d’hévéas et de palmiers à huile en Afrique. C’est cette même Socfin qui, en 2012, prend par exemple le contrôle de 6 500 hectares de terres en Sierra Leone. «Mais la population locale résiste», raconte la présidente du tribunal, qui cite un rapport: «Le groupe Bolloré poursuivait systématiquement les opposants pour les faire taire». «La méthode est la même dans beaucoup d’États», assure la journaliste Nadia Djabali, elle-même poursuivie...
«Il y a une volonté presque maladive du groupe Bolloré de stopper toute discussion, tout débat public de ce qu’il fait en Afrique», dénonce, à la barre, Pierre Haski, directeur de la publication du site Rue 89, poursuivi pour avoir relayé dans sa «vigie du web» (une revue de presse) l’article de Bastamag. L’ex journaliste de Libération accuse : «Il y a une autocensure aujourd’hui dans la presse française sur Bolloré, qui est due au bombardement judiciaire auquel nous sommes soumis».
Le site d’information Bastamag, créé en 2008 et qui compte aujourd’hui quelque 800 000 visiteurs par mois, en témoigne : ils en sont à leur deuxième plainte pour diffamation (l’autre est toujours en cours). «Nous sommes un média indépendant donc on ne s’autocensure pas, explique la journaliste Agnès Rousseaux, mais ces procès à répétition ont des conséquences financières pour un média comme le nôtre.»
Cité comme témoin moral, le député Noël Mamère (EELV) est venu dire à la barre combien les sites comme Bastamag et Reporterre étaient «indispensables à la réflexion sociale et environnementale». «Quand 80% de la presse est aux mains des marchands de canons, il faut protéger les médias indépendants», a conclu le député. Le jugement été mis en délibéré au 7 avril.
Au contraire, le tribunal et les prévenus ont saisi cette occasion pour entrer dans le fond du sujet : l’accaparement des terres agricoles en Asie et en Afrique par des grands groupes qui privent les populations locales de ressources. Une fois ces terres trustées, «un modèle d’agriculture intensive est importée sur place», explique la journaliste de Bastamag, Nadia Djabali, mais un modèle qui «emploie moins et produit moins» que les systèmes traditionnels. Les conséquences sont nombreuses : d’abord, «les paysans ne profitent pas de cette manne et vont plutôt rejoindre les bidonvilles». La journaliste évoque aussi la pollution, le travail des enfants de moins de 14 ans, la déforestation des forêts primaires, etc. Le tout, «pour mettre de l’essence dans nos voitures».
Jeudi, par manque de place, les prévenus se sont entassés dans le box normalement réservé aux détenus. Six journalistes et trois blogueurs sont poursuivis par le groupe Bolloré SA pour avoir écrit ou partagé cet article dont huit passages sont mis en cause. Des passages qui accusent la stratégie de la multinationale, particulièrement en Afrique, mais aussi en Asie. En 1996, Vincent Bolloré acquiert ainsi 38% de la Socfin, entreprise de caoutchouc créée sous l’empire colonial belge et devenue une holding luxembourgeoise. L’homme d’affaires français met ainsi «un pied, voire plus» dans le commerce d’hévéas et de palmiers à huile en Afrique. C’est cette même Socfin qui, en 2012, prend par exemple le contrôle de 6 500 hectares de terres en Sierra Leone. «Mais la population locale résiste», raconte la présidente du tribunal, qui cite un rapport: «Le groupe Bolloré poursuivait systématiquement les opposants pour les faire taire». «La méthode est la même dans beaucoup d’États», assure la journaliste Nadia Djabali, elle-même poursuivie...
«Il y a une volonté presque maladive du groupe Bolloré de stopper toute discussion, tout débat public de ce qu’il fait en Afrique», dénonce, à la barre, Pierre Haski, directeur de la publication du site Rue 89, poursuivi pour avoir relayé dans sa «vigie du web» (une revue de presse) l’article de Bastamag. L’ex journaliste de Libération accuse : «Il y a une autocensure aujourd’hui dans la presse française sur Bolloré, qui est due au bombardement judiciaire auquel nous sommes soumis».
Le site d’information Bastamag, créé en 2008 et qui compte aujourd’hui quelque 800 000 visiteurs par mois, en témoigne : ils en sont à leur deuxième plainte pour diffamation (l’autre est toujours en cours). «Nous sommes un média indépendant donc on ne s’autocensure pas, explique la journaliste Agnès Rousseaux, mais ces procès à répétition ont des conséquences financières pour un média comme le nôtre.»
Cité comme témoin moral, le député Noël Mamère (EELV) est venu dire à la barre combien les sites comme Bastamag et Reporterre étaient «indispensables à la réflexion sociale et environnementale». «Quand 80% de la presse est aux mains des marchands de canons, il faut protéger les médias indépendants», a conclu le député. Le jugement été mis en délibéré au 7 avril.
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