Le manque d’empathie, l’indifférence aux autres ne sont pas punis par la loi. Mais ils aident à cerner la personnalité d’un homme. Or quand ce dernier est poursuivi devant le tribunal correctionnel pour homicides involontaires et mise en danger d’autrui, cette insensibilité devient accablante.
Renaud Pinoit, président de l’association des victimes des inondations de la Faute-sur-mer (Avif) a livré mercredi matin devant le tribunal des Sables d’Olonne (Vendée) un témoignage très dur contre l’ancien maire de la commune, René Marratier, aujourd’hui sur le banc des prévenus avec deux de ses adjoints, un promoteur immobilier et un agent départemental. Après la catastrophe du 28 février 2010, où 29 habitants de la Faute-sur-Mer trouvèrent la mort, la mairie a été dramatiquement absente, accuse-t-il. L’Avif a été rapidement créée pour pallier aux manques. Et ils sont nombreux : informations, aide matérielle, soutien psychologique… « Il n’y avait rien, c’était le néant ». Mais la création de cette association n’est visiblement pas appréciée en mairie. « On a été considérés comme les méchants, ceux qui embêtent le maire, poursuit Renaud Pinoit. Ça a été très difficile pour nous cette absence de soutien local, on a eu le sentiment d’être abandonnés.»
Les exemples de cette indifférence - qui tourne rapidement au mépris - ne manquent pas. Au premier conseil municipal après le drame, aucune minute de silence n’est observée pour les victimes. Lors d’un autre conseil, une élue leur lance : « Vous commencez à nous emmerder avec vos médias, la Faute-sur-mer, c’est quand même pas Oradour-sur-Glane ! ». Pendant deux ans, la mairie « refuse catégoriquement » de les rencontrer. « On n’a jamais eu, malheureusement, le moindre mot de compassion », regrette Renaud Pinoit.
Point important de discorde entre l’association et les élus : l’installation d’un mémorial. Depuis la catastrophe, les survivants exigent un lieu pour se recueillir. La mairie les envoie balader. Ce qu’ils font effectivement avec leur banderole qu’ils promènent dans la commune. Elle est retrouvée dans une poubelle par le boulanger. « Cette banderole, c’était le seul moyen pour nous de ne pas oublier, souffle Renaud Pinoit. La mairie avait installé 29 drapeaux pour symboliser les victimes. Mais les familles ont du mal à se dire que leurs enfants ou leurs parents c’est un drapeau. Ils ont besoin d’un endroit avec les noms et les prénoms. » Il faudra attendre quatre ans pour qu’une stèle soit enfin inaugurée à la Faute, la banderole a été enterrée à son pied. Et les touristes ou curieux de passage sont nombreux à s’y arrêter.
René Marratier est appelé à la barre. Hier déjà, il a été rudoyé par le président Almy qui lui a reproché son « autisme ».
Les auditions des parties civiles doivent continuer jusqu’au milieu de la semaine prochaine.
Renaud Pinoit, président de l’association des victimes des inondations de la Faute-sur-mer (Avif) a livré mercredi matin devant le tribunal des Sables d’Olonne (Vendée) un témoignage très dur contre l’ancien maire de la commune, René Marratier, aujourd’hui sur le banc des prévenus avec deux de ses adjoints, un promoteur immobilier et un agent départemental. Après la catastrophe du 28 février 2010, où 29 habitants de la Faute-sur-Mer trouvèrent la mort, la mairie a été dramatiquement absente, accuse-t-il. L’Avif a été rapidement créée pour pallier aux manques. Et ils sont nombreux : informations, aide matérielle, soutien psychologique… « Il n’y avait rien, c’était le néant ». Mais la création de cette association n’est visiblement pas appréciée en mairie. « On a été considérés comme les méchants, ceux qui embêtent le maire, poursuit Renaud Pinoit. Ça a été très difficile pour nous cette absence de soutien local, on a eu le sentiment d’être abandonnés.»
Les exemples de cette indifférence - qui tourne rapidement au mépris - ne manquent pas. Au premier conseil municipal après le drame, aucune minute de silence n’est observée pour les victimes. Lors d’un autre conseil, une élue leur lance : « Vous commencez à nous emmerder avec vos médias, la Faute-sur-mer, c’est quand même pas Oradour-sur-Glane ! ». Pendant deux ans, la mairie « refuse catégoriquement » de les rencontrer. « On n’a jamais eu, malheureusement, le moindre mot de compassion », regrette Renaud Pinoit.
Point important de discorde entre l’association et les élus : l’installation d’un mémorial. Depuis la catastrophe, les survivants exigent un lieu pour se recueillir. La mairie les envoie balader. Ce qu’ils font effectivement avec leur banderole qu’ils promènent dans la commune. Elle est retrouvée dans une poubelle par le boulanger. « Cette banderole, c’était le seul moyen pour nous de ne pas oublier, souffle Renaud Pinoit. La mairie avait installé 29 drapeaux pour symboliser les victimes. Mais les familles ont du mal à se dire que leurs enfants ou leurs parents c’est un drapeau. Ils ont besoin d’un endroit avec les noms et les prénoms. » Il faudra attendre quatre ans pour qu’une stèle soit enfin inaugurée à la Faute, la banderole a été enterrée à son pied. Et les touristes ou curieux de passage sont nombreux à s’y arrêter.
René Marratier est appelé à la barre. Hier déjà, il a été rudoyé par le président Almy qui lui a reproché son « autisme ».
- «Comment expliquez-vous cette indifférence ? », le questionne Pascal Almy d’un ton sec.L’interrogatoire continue. Si le mémorial a été long à mettre en place, c’est à cause de la « lourdeur administrative ». L’absence de minute de silence ? Le conseil municipal en a observé une, mais « en privé ». Il a refusé de recevoir l’Avif ? « On n’a jamais eu de demande de quoi que ce soit». Quant à Renaud Pinoit, qui s’est présenté deux fois aux élections municipales contre lui, « il était dans une démarche personnelle ». Et de dénoncer une « campagne de dénigrement » contre lui. « On ne peut pas m’accuser de tous les maux. Ce n’est pas logique, j’ai des enfants, des petits enfants. » Et aux enterrements, assure t-il, « on a envoyé un adjoint ou un conseiller municipal à chaque fois ». « Mensonges », sifflent plusieurs personnes sur les bancs des parties civiles, visiblement atterrées.
- La charge émotionnelle me stresse, jusqu’au bout de moi-même. J’ai une pensée pour les victimes. (soupirs d’exaspération sur les bancs des parties civiles, dont certaines quittent la salle). Après Xynthia, j’ai abandonné ma maison pendant trois jours. J’ai toujours été présent sur le site. La totalité des ateliers municipaux étaient remplis de machines à laver que certains, ici, ont pu utiliser. Y’a pas eu de manquement au niveau du conseil municipal. J’ai perdu un ami personnel avec Xynthia, un conseiller municipal. Comment voulez-vous que je n’ai pas de souffrance ? Je suis un être humain, comme tout le monde. J’ai aussi, moi, un syndrome (du survivant, NDLR). Jamais je ne serai le même homme, monsieur le président, jamais. (sa voix se brise).
Les auditions des parties civiles doivent continuer jusqu’au milieu de la semaine prochaine.
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