Après deux semaines de débats, voici venu le temps des plaidoiries au procès du Carlton, qui se tient devant le tribunal de Lille jusqu’à la fin de la semaine. Les avocats des quatorze prévenus poursuivis pour proxénétisme plaideront les trois derniers jours de la semaine, après un réquisitoire attendu aujourd’hui.
Hier, la parole était donnée aux représentants des parties civiles, qui ont salué la tenue de ce procès hors du commun. «Il y aura un avant et un après procès du Carlton, a assuré Me Emmanuel Daoud, avocat du Mouvement du Nid. Bien sûr, la prostitution et le proxénétisme ne vont pas disparaître. Dès ce soir, les prostituées continueront à arpenter les trottoirs. Dès ce soir, les affaires continueront de prospérer pour Dodo et ses amis. Mais désormais, nous ne détournerons plus le regard.» «Nous avons fait le pari que ce procès ferait œuvre de salubrité publique», poursuit Me Daoud, pour qui «le pari est gagné» puisque le Sénat a enfin inscrit à son ordre du jour la proposition de loi renforçant la lutte contre le système prostitutionnel. «Une loi qui nous donnera plus de moyens pour aider les prostituées à s’en sortir», a salué l’avocat.
Pourtant, les poursuites continuent de se dégonfler contre l’ancien président du FMI, puisque plusieurs parties civiles ont été contraintes, «faute de charges suffisantes», de renoncer à lui demander des dommages et intérêts. «M. Strauss-Kahn, vous serez peut être relaxé, mais beaucoup, beaucoup d’entre nous ne seront pas dupes», lui a lancé Me Daoud.
De l’autre côté de la barre, les anciennes prostituées sont visiblement émues. «Ca a été une sacrée épreuve pour elles», soupire Me Maton. «Pour clore le bec de ceux qui disent qu’elles ne sont là que pour l’argent», les quatre femmes n’ont demandé qu’un euro de dommage et intérêt.
Après deux semaines de débats très crus, cette dernière semaine d’audience a aussi connu un moment de poésie, avec «La muse vénale» de Charles Baudelaire, cité par Me Daoud :
«Il te faut, pour gagner ton pain de chaque soir
Comme un enfant de chœur, jouer de l’encensoir
Chantes des Te Deum auxquels tu ne crois guère
Ou, saltimbanque à jeun, étaler les appas
Et ton rire trempé de pleurs qu’on ne voit pas
Pour faire épanouir la rate du vulgaire.»
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