Dans une affaire aussi fracassante que
celle des accusations de viols et d'agressions sexuelles portées
contre l'ancien secrétaire d’État sarkozyste Georges Tron, c'est
peu dire que la parole des plaignantes devant la cour d'assises de
Bobigny (Seine-Saint-Denis) était attendue. Hier, au troisième jour
d'audience de ce procès qui doit durer jusqu'au 22 décembre, il est
10h30 lorsque Virginie Ettel est appelée à la barre. Cette femme de
quarante ans, aux longs cheveux blonds attachés en queue de cheval
et habillée tout en noir, parle d'une voix douce et lente. « J'ai
été agressée par ces deux personnes, commence t-elle en désignant
le banc des accusés où le maire de Draveil (Essonne), Georges Tron,
se tient aux côtés de son ancienne adjointe Brigitte Gruel. Tout ce
que je demande c'est que ça soit jugé par un juré populaire, qu'on
entende ma parole. Je n'ai pas porté plainte pour des soucis de
réflexologie mais pour des agressions sexuelles. »
On a beaucoup évoqué récemment, avec
l'affaire Wenstein et #balandetonporc, le parcours du combattant qui
attend les victimes de viol qui osent porter plainte. Sans doute
oublie t-on trop souvent, dans ce parcours, les magistrats auxquels
elles seront confrontées dans les prétoires. L'audition d'hier matin
est à ce titre exemplaire. Première surprise, au lieu de laisser la
parole à la plaignante, le président de la cour d'assises, Régis
de Jorna, commence par lire la plainte qu'elle a adressée en 2011 au
procureur d'Evry. L'ancienne employée de la mairie de Draveil
commence en y racontant son embauche en septembre 2008 comme hôtesse
d'accueil à la mairie de Draveil. Le maire, Georges Tron, lui fait
rapidement du pied dans les déjeuners de travail. « Vous lui
avez fait comprendre que vous n'étiez pas demanderesse ?,
interroge le magistrat. Lucile M. (l'attachée parlementaire de
Georges Tron, NDLR) m'avait dit qu'il arrêterait de lui-même en
comprenant que je n'étais pas intéressée ».
Le 19 novembre 2009, Virginie Ettel se
rend à un déjeuner avec le maire, son adjointe et des pêcheurs au
château de Villiers. Pendant le déjeuner, Virginie Etttel sent le
maire, puis son adjointe lui caresser les pieds. Après le repas, les
invités sont raccompagnés dehors. Le président lit la scène de
viol telle qu'elle est décrite dans la plainte. A la barre, Virginie
Ettel pleure.
- Le président : « Donc, vous êtes dans cette salle à manger, on vous demande de rester et là il va y avoir des faits qualifiables de viol... Est-ce que vous prononcez une opposition verbale ? Vous reculez ? Ou vous vous laissez déshabiller sans rien dire ?- J'étais incapable de réagir, lui répond Virginie Ettel- Vous aviez bien compris qu'on vous déshabillait ! On ne se retrouve pas à moitié nue ou entièrement nue sans qu'il ne soit rien passé quand même...- J'étais paralysée, je suis devenu toute molle. Je me suis concentrée sur les battements de mon cœur.- Vous n'avez opposé aucune résistance ?- Je n'étais pas en mesure d'opposer une résistance.- Vous portiez une culotte ? Un string ? Des collants ? Je suis désolé de vous poser ces questions mais il faut qu'on comprenne... Donc il a baissé votre culotte ? Allons-y !- J'avais une culotte noire et des bas.- Vous dites ensuite que M. Tron a introduit des doigts dans votre sexe...- Il a mis un doigt, pas plusieurs. Il a caressé mon sexe à travers la culotte, puis il écarté les lèvres...Sa voix tremble, Virginie Ettel s'arrête de parler.
- Oui, bon... Il a mis un doigt dans votre vagin », coupe le président.
Virginie Ettel est en pleurs. La
confiscation de sa parole va jusqu'au récit de son propre viol
qu'elle ne peut raconter devant la cour d'assises, six ans après
avoir porté plainte.
Plusieurs heures
plus tard, lorsque l'avocat de Virginie Ettel, Vincent Ollivier,
prend la parole pour interroger sa cliente après les questions du
président, il précise, en préambule : « Il y a chaque
année 600 000 femmes agressées sexuellement en France, dont seule
une infime partie entame des démarches judiciaires. Si ces femmes
suivent les débats aujourd'hui, elles seront confortées dans leur
décision de laisser les choses sous le boisseau ».
On peut porter plainte contre un président de cour d'assises?
RépondreSupprimerÇa serait bien! Mais un rude boulot sans doute...
RépondreSupprimerhttp://condrozbelge.com/
On peut quand même dire que ce président est un être desséché et rétréci et qu'il est un magistrat nocif et dangereux.
RépondreSupprimerBoogie
Peut-être qu'on peut dire aussi qu'il faudrait que les magistrats se préparent collectivement à occuper leur place dans de tels procès. Il leur faut travailler sur leur propre aliénation sociale.
RépondreSupprimerTout cela est bien beau, mais l'histoire ne tient pas une seconde. Il ne devrait pas y avoir de procès sur des bases aussi débiles.
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