vendredi 14 mars 2014

Verdict historique pour le Rwanda


Jusqu'au bout Pascal Simbikangwa aura joué la partition de l'innocence. Ce matin, s'adressant aux jurés avant qu'ils ne se retirent pour délibérer, l'ancien dignitaire hutu répète qu'il n'a jamais vu aucun cadavre à Kigali au printemps 1994... Une façon aussi de nier la réalité du génocide des Tutsis, qui vu le  massacre de plus de 800 000 hommes, femmes et enfants en cent jours.

Mais l'ancien capitaine de la garde présidentielle n'aura pas convaincu la Cour d'assises de Paris, premier tribunal français à juger un présumé génocidaire rwandais. Au terme de douze heures de délibéré, les six jurés populaires et les trois magistrats professionnels ont déclaré Pascal Simbikangwa coupable de génocide et de complicité de crimes contre l'humanité commis à Kigali, estimant qu'il avait eu la "volonté de tromper la justice" sur ses activités réelles durant le génocide.

"Il ressort clairement des débats que Pascal Simbikangwa a apporté un concours actif au fonctionnement des barrières meurtrières de Kigali en fournissant des armes et en donnant directement des instructions pour que les Tutsi soient systématiquement exécutés sur le champ", lit-on dans ses motivations.

Le ministère public avait requis la réclusion à perpétuité contre l'ancien militaire et agent des renseignements rwandais. Au terme de six semaines de procès qui ont, selon l'accusation, montré que Pascal Simbikangwa était un "donneur d'ordres", l'avocat général avait demandé qu'il soit jugé pour génocide, et non complicité de ce crime.

La défense de Pascal Simbikangwa a dénoncé "un procès politique" à quelques semaines des commémorations des vingt ans du génocide. Du côté des parties civiles on se félicite au contraire que, même tardivement, la France donne ainsi un premier signe de sa volonté de lutter contre l'impunité. C'est la toute première fois que la France jugeait un présumé génocidaire, alors même que les premières plaintes contre des responsables du régime hutu qui a mené le génocide remontent à 1995, un an à peine après les faits.

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