Il arrive que la justice ne soit pas solennelle. Et c’est fort dommage. Surtout quand il s’agit des exploités, des pauvres, des exclus. Qui ont, plus que n’importe qui, soif d’équité. C’est le cas des dix-huit travailleurs sans papiers du 57, bd de Strasbourg (Paris 10e), en lutte depuis des mois pour obtenir arriérés de salaire et régularisation. Alors que leur plainte pour traite des êtres humains a eu toutes les difficultés à être déposée, celle de leur propriétaire réclamant leur expulsion du salon de coiffure qu’ils occupent était audiencée hier matin, en urgence, devant le tribunal de grande instance de Paris. Quinze d’entre eux étant toujours sans titre de séjour, cette expulsion les rejetterait dans l’ombre et la clandestinité.
Mais la justice ne leur consacrera qu’une petite heure. Après trente minutes de conciliabules procéduriers entre juge et avocats, l’audience commence enfin, sans le ministère public qui n’a pas daigné faire le déplacement. La salle est pleine : les salariés sont venus avec leurs enfants et soutiens : militants associatifs, syndicalistes et cinéastes, auteurs d’un court-métrage pour alerter le gouvernement.
« Cette occupation illicite est une entrave au droit de propriété et à la liberté de travail, commence Me Haddad, l’avocat du propriétaire. Si on est dans un tribunal, ce n’est pas pour donner des droits à des gens qui bafouent toutes les règles. Mon client n’a rien à faire dans cette histoire ! » Sur son banc en bois, le propriétaire, trentenaire barbu propre sur lui, ne tient pas en place, soufflant, râlant et donnant des papiers à son avocat. Ce dernier réclame l’expulsion des travailleurs sans papiers du local et, « au vu des préjudices subis », 100 000 euros de dommages et intérêts.
« Cette occupation n’est pas illicite puisqu’il s’agit de l’exercice d’un droit de grève », lui répond Aline Chanu, avocate des travailleurs, pour qui « le non-paiement des loyers n’est pas du ressort des salariés ». Il était celui du gérant du salon de coiffure, qui s’est fait la malle quand les premiers drapeaux rouges de la CGT sont apparus sur sa devanture. Ou de son remplaçant, qui n’a pas hésité à « menacer de mort » les grévistes. Puisque le propriétaire a unilatéralement arrêté la médiation en cours, l’avocate demande le renvoi de l’affaire. La juge ouvre enfin la bouche : « Délibéré le 6 novembre. » C’est fini. Dehors, les salariés s’interrogent. « Le jugement sera-t-il rendu lors d’une audience formelle ? » « Non, ce sera donné au greffe», leur explique Me Chanu. Dans cette affaire, les sans-papiers n’ont décidément droit à aucune considération.
Le court-métrage du Collectif des cinéastes pour les sans-papiers sur les « 18 du 57 » :
Mais la justice ne leur consacrera qu’une petite heure. Après trente minutes de conciliabules procéduriers entre juge et avocats, l’audience commence enfin, sans le ministère public qui n’a pas daigné faire le déplacement. La salle est pleine : les salariés sont venus avec leurs enfants et soutiens : militants associatifs, syndicalistes et cinéastes, auteurs d’un court-métrage pour alerter le gouvernement.
« Cette occupation illicite est une entrave au droit de propriété et à la liberté de travail, commence Me Haddad, l’avocat du propriétaire. Si on est dans un tribunal, ce n’est pas pour donner des droits à des gens qui bafouent toutes les règles. Mon client n’a rien à faire dans cette histoire ! » Sur son banc en bois, le propriétaire, trentenaire barbu propre sur lui, ne tient pas en place, soufflant, râlant et donnant des papiers à son avocat. Ce dernier réclame l’expulsion des travailleurs sans papiers du local et, « au vu des préjudices subis », 100 000 euros de dommages et intérêts.
« Cette occupation n’est pas illicite puisqu’il s’agit de l’exercice d’un droit de grève », lui répond Aline Chanu, avocate des travailleurs, pour qui « le non-paiement des loyers n’est pas du ressort des salariés ». Il était celui du gérant du salon de coiffure, qui s’est fait la malle quand les premiers drapeaux rouges de la CGT sont apparus sur sa devanture. Ou de son remplaçant, qui n’a pas hésité à « menacer de mort » les grévistes. Puisque le propriétaire a unilatéralement arrêté la médiation en cours, l’avocate demande le renvoi de l’affaire. La juge ouvre enfin la bouche : « Délibéré le 6 novembre. » C’est fini. Dehors, les salariés s’interrogent. « Le jugement sera-t-il rendu lors d’une audience formelle ? » « Non, ce sera donné au greffe», leur explique Me Chanu. Dans cette affaire, les sans-papiers n’ont décidément droit à aucune considération.
Le court-métrage du Collectif des cinéastes pour les sans-papiers sur les « 18 du 57 » :
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