Tout est chamboulé en cette dernière semaine du procès Carlton. Tout
s’écroule et se mélange. Lundi, plusieurs parties civiles ont renoncé à
demander des dommages et intérêts contre Dominique Strauss-Kahn, «fautes
de charges suffisantes» ; mardi, le procureur a livré non pas des
réquisitions mais une véritable plaidoirie en faveur de l’ancien
président du FMI. Que restait-il à ses avocats ? Livrer un réquisitoire
acéré contre les magistrats instructeurs qui avaient décidé, en juillet
2013 et malgré le réquisitoire de non-lieu du parquet, de renvoyer DSK
devant le tribunal pour proxénétisme aggravé. Ils l’ont fait brillamment
hier matin durant près de trois heures, vilipendant des juges «
partiaux », dont l’ordonnance de renvoi, « si féconde de détails bien
inutiles », s’est retrouvée dans la presse, «transformant 66 millions
de Français en voyeurs».
On l’attendait en premier, il aura été le dernier à prendre la parole. Henri Leclerc, ancien président de la Ligue des droits de l’homme, plaide du haut de sa notoriété et de ses 80 ans. « Voilà que tout s’écroule, lance t-il de sa voix grave et traînante. Tout est à terre, il ne reste plus rien, qu’un dossier vide qui a coûté une fortune. Ma pauvre vieille justice, toute cabossée, toute mal foutue… » Avant lui, sa consœur Frédérique Baulieu avait détaillé ces trois ans d’instruction : une « débauche de moyens », d’interrogatoires, de confrontations, d’investigations « invraisemblables », «des centaines de pages d’écoutes, d’expertises, de comptes bancaires examinés à la loupe». Richard Malka - avocat historique de Charlie hebdo – a, quant à lui, dénoncé la « violation du secret de l’instruction » : « Jamais nous n’avons été aussi loin, la présomption d’innocence n’existait plus. Tout était dans la presse. C’est vertigineux de danger démocratique de considérer qu’un homme est coupable non pas pour ce qu’il a fait mais pour ce qu’il est. Qu’a fait cet homme pour être voué aux gémonies ? »
Rien, pour Me Baulieu, qui a méthodiquement épluché tous les faits reprochés à son client. Les témoignages de Jade, l’ancienne prostituée ? « J’ai beaucoup d’incompréhension, se risque l’avocate, devant cette volonté de dire des choses qui ne sont pas vraies. Jade réinvente tout. Cette jeune femme a été acculée, essentialisée. Elle est devenue LA prostituée. J’en veux à ceux qui en ont fait ce symbole. » Jade, comme les autres parties civiles, a décidé de ne pas assister à ces plaidoiries. Pour Me Beaulieu, leurs vies n’ont pas été détruites par DSK, mais par la « médiatisation ».
Pour les trois conseils de Dominique Strauss-Kahn, ce qui ne relève pas du droit correspond à une morale qui n’a pas lieu d’être. « La loi ! La loi !, scande Me Leclerc. La morale, chacun a la sienne. La vertu, ça se pratique, ça ne se commande pas. » Me Baulieu : « Les rapports sexuels collectifs c’est la liberté sexuelle de chacun. Ce n’est ni un crime, ni un délit. » Me Malka : « On veut nous mener vers un débat politique, on veut faire le procès de la prostitution. Mais ici, on fait le procès des hommes, pas celui des lois. »
Les avocats ont évidemment plaidé la relaxe. « Elle sera juste et belle », a assuré Frédérique Baulieu. C’est faire fi de toutes ces scènes d’une violence extrême, racontées à cette même barre par des femmes en pleurs. Elles ne sont pas prêtes d’être oubliées.
On l’attendait en premier, il aura été le dernier à prendre la parole. Henri Leclerc, ancien président de la Ligue des droits de l’homme, plaide du haut de sa notoriété et de ses 80 ans. « Voilà que tout s’écroule, lance t-il de sa voix grave et traînante. Tout est à terre, il ne reste plus rien, qu’un dossier vide qui a coûté une fortune. Ma pauvre vieille justice, toute cabossée, toute mal foutue… » Avant lui, sa consœur Frédérique Baulieu avait détaillé ces trois ans d’instruction : une « débauche de moyens », d’interrogatoires, de confrontations, d’investigations « invraisemblables », «des centaines de pages d’écoutes, d’expertises, de comptes bancaires examinés à la loupe». Richard Malka - avocat historique de Charlie hebdo – a, quant à lui, dénoncé la « violation du secret de l’instruction » : « Jamais nous n’avons été aussi loin, la présomption d’innocence n’existait plus. Tout était dans la presse. C’est vertigineux de danger démocratique de considérer qu’un homme est coupable non pas pour ce qu’il a fait mais pour ce qu’il est. Qu’a fait cet homme pour être voué aux gémonies ? »
Rien, pour Me Baulieu, qui a méthodiquement épluché tous les faits reprochés à son client. Les témoignages de Jade, l’ancienne prostituée ? « J’ai beaucoup d’incompréhension, se risque l’avocate, devant cette volonté de dire des choses qui ne sont pas vraies. Jade réinvente tout. Cette jeune femme a été acculée, essentialisée. Elle est devenue LA prostituée. J’en veux à ceux qui en ont fait ce symbole. » Jade, comme les autres parties civiles, a décidé de ne pas assister à ces plaidoiries. Pour Me Beaulieu, leurs vies n’ont pas été détruites par DSK, mais par la « médiatisation ».
Pour les trois conseils de Dominique Strauss-Kahn, ce qui ne relève pas du droit correspond à une morale qui n’a pas lieu d’être. « La loi ! La loi !, scande Me Leclerc. La morale, chacun a la sienne. La vertu, ça se pratique, ça ne se commande pas. » Me Baulieu : « Les rapports sexuels collectifs c’est la liberté sexuelle de chacun. Ce n’est ni un crime, ni un délit. » Me Malka : « On veut nous mener vers un débat politique, on veut faire le procès de la prostitution. Mais ici, on fait le procès des hommes, pas celui des lois. »
Les avocats ont évidemment plaidé la relaxe. « Elle sera juste et belle », a assuré Frédérique Baulieu. C’est faire fi de toutes ces scènes d’une violence extrême, racontées à cette même barre par des femmes en pleurs. Elles ne sont pas prêtes d’être oubliées.
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