Un long silence. « Est-ce que vous me permettez de revenir en arrière,
Monsieur le président ? » En fin d’après-midi hier, le procès de Jérôme
Cahuzac, ouvert quelques heures plus tôt, a soudainement basculé. Le
président de la 32e chambre du tribunal correctionnel de Paris vient de
rentrer dans le vif du sujet en demandant à l’ancien ministre Cahuzac,
poursuivi pour fraude et évasion fiscales, d’expliquer la création, en
1992, de son premier compte en Suisse.
L’ancien ministre du Budget a raconté à la barre le début de sa carrière, la rencontre « par hasard » en 1977 avec le Parti socialiste et l’internat en chirurgie. En 1986, il rejoint « les jeunes gens enthousiastes qui espèrent que Michel Rocard se présente à la présidence en 1988 ». Mitterrand réélu, Rocard est finalement nommé à Matignon, Claude Evin devient ministre de la Santé, Jérôme Cahuzac rejoint son cabinet. Il défend la loi alcool-tabac, « une des choses dont je suis le plus fier dans ma vie ». Rocard démissionne en 1991, Cahuzac se retrouve « sans profession ». « J’avais trois enfants, il a fallu que je m’adapte, ce que j’ai fait. » Cahuzac continue à travailler pour Rocard et devient, parallèlement, conseiller pour l’industrie pharmaceutique.
« Nous sommes au printemps 1991, reprend Jérôme Cahuzac. Les bureaux de la rue de Varenne (de Michel Rocard – NDLR) sont vastes et les collaborateurs nombreux. Il m’est très vite demandé de demander aux dirigeants de l’industrie pharmaceutique s’ils veulent aider Michel Rocard. Certains acceptent. » Mais dans le même temps, le gouvernement socialiste défend un projet de loi contre le financement des partis politiques, notamment par des entreprises ; la transparence devient obligatoire. « Je demande donc l’ouverture d’un compte en Suisse, explique doctement Cahuzac. Jusqu’en mai 1993, les sommes versées sur ce compte ont servi au financement sauvage des activités politiques de la deuxième gauche. » « Aujourd’hui, c’est absurde ; à l’époque, c’était banal, tout le monde savait, poursuit Cahuzac. L’industrie pharmaceutique a financé tous les partis politiques, certains plus que d’autres. » Pour ouvrir ce compte à UBS, Jérôme Cahuzac fait appel à Philippe Péninque, un « ami », aujourd’hui proche conseiller de Marine Le Pen. « L’argent venait d’où ? » demande le président. « Je l’ignore, répond Cahuzac. Mais il ne pouvait pas venir de comptes officiels des laboratoires. »
« J’ai fait beaucoup de mal, lâche l’ancien ministre à la barre. À mes amis, ma famille, mes électeurs. Une fois que j’ai fait mes aveux, j’ai décidé de tout prendre sur moi, je ne voulais pas faire de mal à Michel Rocard. » L’ancien premier ministre socialiste est décédé le 2 juillet dernier. Sans doute, Jérôme Cahuzac a-t-il jugé qu’il pouvait désormais délivrer, devant ses juges, sa vérité.
L’ancien ministre du Budget a raconté à la barre le début de sa carrière, la rencontre « par hasard » en 1977 avec le Parti socialiste et l’internat en chirurgie. En 1986, il rejoint « les jeunes gens enthousiastes qui espèrent que Michel Rocard se présente à la présidence en 1988 ». Mitterrand réélu, Rocard est finalement nommé à Matignon, Claude Evin devient ministre de la Santé, Jérôme Cahuzac rejoint son cabinet. Il défend la loi alcool-tabac, « une des choses dont je suis le plus fier dans ma vie ». Rocard démissionne en 1991, Cahuzac se retrouve « sans profession ». « J’avais trois enfants, il a fallu que je m’adapte, ce que j’ai fait. » Cahuzac continue à travailler pour Rocard et devient, parallèlement, conseiller pour l’industrie pharmaceutique.
« Nous sommes au printemps 1991, reprend Jérôme Cahuzac. Les bureaux de la rue de Varenne (de Michel Rocard – NDLR) sont vastes et les collaborateurs nombreux. Il m’est très vite demandé de demander aux dirigeants de l’industrie pharmaceutique s’ils veulent aider Michel Rocard. Certains acceptent. » Mais dans le même temps, le gouvernement socialiste défend un projet de loi contre le financement des partis politiques, notamment par des entreprises ; la transparence devient obligatoire. « Je demande donc l’ouverture d’un compte en Suisse, explique doctement Cahuzac. Jusqu’en mai 1993, les sommes versées sur ce compte ont servi au financement sauvage des activités politiques de la deuxième gauche. » « Aujourd’hui, c’est absurde ; à l’époque, c’était banal, tout le monde savait, poursuit Cahuzac. L’industrie pharmaceutique a financé tous les partis politiques, certains plus que d’autres. » Pour ouvrir ce compte à UBS, Jérôme Cahuzac fait appel à Philippe Péninque, un « ami », aujourd’hui proche conseiller de Marine Le Pen. « L’argent venait d’où ? » demande le président. « Je l’ignore, répond Cahuzac. Mais il ne pouvait pas venir de comptes officiels des laboratoires. »
« J’ai fait beaucoup de mal, lâche l’ancien ministre à la barre. À mes amis, ma famille, mes électeurs. Une fois que j’ai fait mes aveux, j’ai décidé de tout prendre sur moi, je ne voulais pas faire de mal à Michel Rocard. » L’ancien premier ministre socialiste est décédé le 2 juillet dernier. Sans doute, Jérôme Cahuzac a-t-il jugé qu’il pouvait désormais délivrer, devant ses juges, sa vérité.
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