Ce ne fut pas beau à voir. Le naufrage du procès Tron se fit, vendredi, dans les pleurs et les cris. Une image résume cette débâcle judiciaire : deux plaignantes debout, au milieu de la salle d’audience, les mains collées aux oreilles, le visage déformé par la souffrance, tandis qu’au-dessus de leurs corps recroquevillés, avocats et magistrats vocifèrent. Il est 15 heures ce vendredi et le premier procès de l’ère « Balance ton porc » est en train de couler.
lundi 18 décembre 2017
vendredi 15 décembre 2017
Le procès de Georges Tron renvoyé à une date ultérieure
Au terme d'une journée polluée par
des incidents d'audience à répétition, la cour d'assises de
Bobigny a finalement décidé le renvoi du procès de Georges Tron et
de Brigitte Gruel pour viols en réunion et agressions sexuelles. En
fin d'après-midi, toutes les parties s'étaient accordées pour dire
que le calendrier tel qu'il était prévu (des débats jusqu'au 22
décembre), ne pouvait plus être tenu compte-tenu du nombre de
témoins (une cinquantaine) restant à être entendus. « Je
voudrais qu'il soit dit et retenu ici que si nous renvoyons, c'est
uniquement parce que la défense a décidé de polluer les débats »,
a martelé l'avocat général, Frédéric Bernardo, qui a fustigé la
« déloyauté » de la défense.
Les avocats, twitter et André Gide
Le procès de
Georges Tron et de Brigitte Gruel pour viols en réunion et
agressions sexuelles devant la cour d'assises de Bobigny sera t-il
reporté ? C'est en tous cas la demande faite ce matin par les
avocats des deux accusés, qui ont soulevé un incident d'audience.
Antoine Vey, avocat de l'ancien secrétaire d’État à la fonction
publique, a dénoncé au début de ce quatrième jour d'audience « la
diffusion d'un reportage hier soir et les attaques inacceptables
contre le président ». France 2 a diffusé hier soir un
reportage d'Envoyé spécial consacré à l'affaire, auquel la
défense a refusé de participer. Pour l'avocat, « la diffusion
de ce reportage nous place dans une situation impossible. Le climat
n'est plus serein ».
jeudi 14 décembre 2017
« Vous vous laissez déshabiller sans rien dire ? »
Dans une affaire aussi fracassante que
celle des accusations de viols et d'agressions sexuelles portées
contre l'ancien secrétaire d’État sarkozyste Georges Tron, c'est
peu dire que la parole des plaignantes devant la cour d'assises de
Bobigny (Seine-Saint-Denis) était attendue. Hier, au troisième jour
d'audience de ce procès qui doit durer jusqu'au 22 décembre, il est
10h30 lorsque Virginie Ettel est appelée à la barre. Cette femme de
quarante ans, aux longs cheveux blonds attachés en queue de cheval
et habillée tout en noir, parle d'une voix douce et lente. « J'ai
été agressée par ces deux personnes, commence t-elle en désignant
le banc des accusés où le maire de Draveil (Essonne), Georges Tron,
se tient aux côtés de son ancienne adjointe Brigitte Gruel. Tout ce
que je demande c'est que ça soit jugé par un juré populaire, qu'on
entende ma parole. Je n'ai pas porté plainte pour des soucis de
réflexologie mais pour des agressions sexuelles. »
On a beaucoup évoqué récemment, avec
l'affaire Wenstein et #balandetonporc, le parcours du combattant qui
attend les victimes de viol qui osent porter plainte. Sans doute
oublie t-on trop souvent, dans ce parcours, les magistrats auxquels
elles seront confrontées dans les prétoires. L'audition d'hier matin
est à ce titre exemplaire. Première surprise, au lieu de laisser la
parole à la plaignante, le président de la cour d'assises, Régis
de Jorna, commence par lire la plainte qu'elle a adressée en 2011 au
procureur d'Evry. L'ancienne employée de la mairie de Draveil
commence en y racontant son embauche en septembre 2008 comme hôtesse
d'accueil à la mairie de Draveil. Le maire, Georges Tron, lui fait
rapidement du pied dans les déjeuners de travail. « Vous lui
avez fait comprendre que vous n'étiez pas demanderesse ?,
interroge le magistrat. Lucile M. (l'attachée parlementaire de
Georges Tron, NDLR) m'avait dit qu'il arrêterait de lui-même en
comprenant que je n'étais pas intéressée ».
Le 19 novembre 2009, Virginie Ettel se
rend à un déjeuner avec le maire, son adjointe et des pêcheurs au
château de Villiers. Pendant le déjeuner, Virginie Etttel sent le
maire, puis son adjointe lui caresser les pieds. Après le repas, les
invités sont raccompagnés dehors. Le président lit la scène de
viol telle qu'elle est décrite dans la plainte. A la barre, Virginie
Ettel pleure.
- Le président : « Donc, vous êtes dans cette salle à manger, on vous demande de rester et là il va y avoir des faits qualifiables de viol... Est-ce que vous prononcez une opposition verbale ? Vous reculez ? Ou vous vous laissez déshabiller sans rien dire ?- J'étais incapable de réagir, lui répond Virginie Ettel- Vous aviez bien compris qu'on vous déshabillait ! On ne se retrouve pas à moitié nue ou entièrement nue sans qu'il ne soit rien passé quand même...- J'étais paralysée, je suis devenu toute molle. Je me suis concentrée sur les battements de mon cœur.- Vous n'avez opposé aucune résistance ?- Je n'étais pas en mesure d'opposer une résistance.- Vous portiez une culotte ? Un string ? Des collants ? Je suis désolé de vous poser ces questions mais il faut qu'on comprenne... Donc il a baissé votre culotte ? Allons-y !- J'avais une culotte noire et des bas.- Vous dites ensuite que M. Tron a introduit des doigts dans votre sexe...- Il a mis un doigt, pas plusieurs. Il a caressé mon sexe à travers la culotte, puis il écarté les lèvres...Sa voix tremble, Virginie Ettel s'arrête de parler.
- Oui, bon... Il a mis un doigt dans votre vagin », coupe le président.
Virginie Ettel est en pleurs. La
confiscation de sa parole va jusqu'au récit de son propre viol
qu'elle ne peut raconter devant la cour d'assises, six ans après
avoir porté plainte.
Plusieurs heures
plus tard, lorsque l'avocat de Virginie Ettel, Vincent Ollivier,
prend la parole pour interroger sa cliente après les questions du
président, il précise, en préambule : « Il y a chaque
année 600 000 femmes agressées sexuellement en France, dont seule
une infime partie entame des démarches judiciaires. Si ces femmes
suivent les débats aujourd'hui, elles seront confortées dans leur
décision de laisser les choses sous le boisseau ».
mercredi 13 décembre 2017
La chute de Georges Tron, « élu d'envergure »
Il se souvient
encore de ce 24 mai 2011, « dix jours après le retentissement de
l'affaire DSK ». Georges Tron passe une «bonne journée» dans une
commission à l'assemblée quand une journaliste l'appelle pour lui
demander une réaction : deux femmes l'accusent de viols et d'agressions
sexuelles. «Pendant quatre jours, j'ai eu une pression extrêmement
forte et une méconnaissance totale des faits reprochés puisque je
n'avais pas accès aux plaintes.» Très à l'aise à la barre, Georges Tron
a répondu hier après-midi aux questions de la cour d'assises de Bobigny
(Seine-Saint-Denis) sur sa personnalité. «Le parcours brillant d'un
élu d'envergure», a résumé l'avocat général.
mercredi 6 décembre 2017
Antonin Bernanos jeté brutalement en prison
Il était six heures, hier matin, lorsque Geneviève Bernanos a aperçu à travers l’œilleton de sa porte une quinzaine d’hommes sans insigne devant son appartement du 14e arrondissement parisien. « J’ai cru à une agression de l’extrême droite », confie cette urbaniste à la mairie de Nanterre. Descendants de l’écrivain Georges Bernanos et militants antifascistes, ses fils Antonin et Angel Bernanos sont régulièrement la cible de la « fachosphère ». Mais hier matin, il s’agissait de la brigade d’exécution des décisions de justice (BEDJ) de la police judiciaire parisienne, qui n’a procédé à aucune sommation pour enfoncer la porte de l’appartement familial à coups de bélier. L’objectif ? Interpeller Antonin Bernanos, étudiant en sociologie de 23 ans, condamné le 11 octobre dernier à cinq ans de prison, dont trois ferme, pour l’incendie de la voiture de police brûlée quai de Valmy en mai 2016. Antonin Bernanos a toujours nié les faits et lors de son procès en octobre dernier, son avocat Arié Alimi avait longuement remis en cause la faiblesse des preuves retenues contre lui. En vain. Son frère Angel, poursuivi pour attroupement en vue de commettre des violences, avait en revanche été relaxé.
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